Après une année 2024 marquée par les échecs d’implantation et les maladies en sortie d’hiver, la campagne 2025 change la donne. « Cette fois-ci, tous les voyants sont au vert, affirme Arnaud Van Boxsom, responsable de l’évaluation variétale chez Terres Inovia : des semis réalisés au bon moment en novembre dans des sols bien ressuyés, un hiver sans excès de pluie, peu de maladies et des températures printanières idéales… » Résultat : les rendements moyens se situent entre 40 et 50 q/ha. Ils atteignent même 75 q/ha dans les zones betteravières. « La génétique a enfin pu exprimer tout son potentiel », confirme-t-il.

Un millésime qui met en lumière les nouveautés

Dans une telle situation agronomique favorable, les essais 2025 confirment le comportement des variétés en observation depuis trois ans. Ils révèlent également celui des variétés nouvellement inscrites au CTPS. Aussi Arnaud Van Boxsom encourage les producteurs à intégrer progressivement ces dernières, dans la mesure où elles sortent du lot. « Il ne faut pas hésiter à tester les nouveautés pour aller chercher davantage de rendement. »

Parmi celles-ci, Ruck (2024) se démarque avec un indice de rendement de 105,9 % en 2025 et a obtenu les meilleurs résultats dans les essais CTPS menés en 2023 et 2024. Aussi, la variété inscrit sa première campagne dans le haut du classement. « Ruck a montré un très beau potentiel, mais sa tolérance au froid reste à confirmer », nuance Arnaud Van Boxsom. S’il la recommande surtout pour les zones les moins exposées aux épisodes de gel prolongés, il estime qu’elle mérite aussi d’être expérimentée dans celles plus critiques pour avoir un peu plus de recul.

Autre promesse, Farwest (2023), en deuxième année d’évaluation, elle maintient ses bonnes performances : 101,4 % d’indice de rendement en 2025 contre 103 % en 2024. Elle possède une excellente tenue de tige, un atout précieux pour sécuriser la récolte. « En plus, c’est une nouveauté déjà éprouvée », souligne l’expert de Terres Inovia.

Des références qui tiennent la distance

Parmi les variétés installées et utilisées comme témoins dans les essais, Foudre (2021) reste la référence recommandée dans les zones nord, malgré une année 2025 un peu en retrait (99,4 %). « C’est une valeur sûre, surtout dans les situations plus fraîches ou à risque maladies », précise le responsable de Terres Inovia. Très tolérante au froid, la variété Feroe (2021) apporte cette année de très bons résultats, notamment au nord, où son potentiel dépasse parfois les 109 % (103 % moyenne toutes zones). Jumper (2022) fait partie de ce trio solide : elle offre des rendements réguliers sur plusieurs campagnes. D’ailleurs en 2024, elle se positionnait en tête de classement (117,4 %). En 2025, son rendement se situe à 105,5 % en moyenne.

À l’inverse, Furious (2015) semble être distanciée. Sensible au froid et aux maladies, elle a toutefois profité des conditions idéales de 2025 pour afficher un très bon résultat à 106 %. « Mais ce n’est pas représentatif de son comportement les autres années, avertit Arnaud Van Boxsom qui ne la recommande pas dans les zones froides. « Il existe maintenant des variétés performantes plus stables. »

Et demain, encore plus de choix

L’offre variétale en pois d’hiver devrait être davantage dynamique, puisque six nouvelles variétés pourraient arriver sur le marché d’ici à deux ans.

« Le pipeline s’annonce prometteur, complète Arnaud Van Boxsom. la palette pour les producteurs va encore s’élargir et conforter le pois d’hiver dans les rotations. » En parallèle, la recherche continue d’accélérer grâce au programme Pea4Ever dont Terres Inovia est partenaire et qui a été lancé fin 2024 par un groupement de semenciers (GIE PeaBoost). Doté de solides financements, il vise à renforcer la résilience des pois face aux aléas climatiques et sanitaires.

Soigner l’implantation en sol ressuyé

Pour Arnaud Van Boxsom de Terres Inovia, la qualité du ressuyage du sol au moment du semis est primordiale pour réussir le pois d’hiver. Cela améliore l’enracinement des plantes. Semer légèrement plus tard en novembre permet aussi de réduire la pression des maladies, à condition d’éviter les excès d’humidité.