Les motifs d’inquiétude ne manquent pas dans le grand univers des oléagineux, et le colza n’y échappe pas. Ses cours ont glissé un instant sous les 460 €/t début octobre, avant de remonter, entre 465 et 470 €/t, à la mi-octobre. La volatilité est venue de la baisse du pétrole et des huiles, mais le mouvement s’est vite inversé. Le 14 octobre, la graine s’échangeait à 460 €/t rendue à Rouen et à 470 €/t sur Euronext pour les trois prochaines échéances. La graine de colza française semble compétitive, notamment grâce à la bonne qualité de la récolte et à une teneur en huile élevée.

La graine de tournesol a connu le même sort : 550 €/t début octobre, 518 €/t le 6 octobre et 545 €/t le 14. Le facteur ukrainien joue : la récolte de tournesol en cours est minée par les pluies et les zones portuaires sont endommagées, ce qui soutient les prix sur le marché européen. À l’inverse, le 3 octobre, Kiev a levé toute taxe à l’export sur le colza, ouvrant la voie à des volumes supplémentaires vers l’Europe. Le ministère ukrainien de l’Agriculture évoque d’ailleurs une récolte 2025 en hausse de 33 % par rapport à l’an passé, qu’il faut écouler pour faire rentrer des devises.

De l’autre côté de l’Atlantique, la moisson de canola avance bien et promet de bons rendements. Comme pour le colza, les prix ont reculé avant de se ressaisir. Le climat politique reste lourd : la Chine taxe le canola canadien à 100 % et les relations avec Washington sont toujours tendues. Ottawa cherche de nouveaux débouchés, en Europe ou via la filière biodiesel pour absorber les volumes. Enfin, Pékin a desserré l’étau envers le canola australien pour compenser le coup d’arrêt des achats de soja américain.

Car la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis s’envenime. Les producteurs américains de soja sont furieux de la perte de ce débouché essentiel pour eux (25 milliards de dollars par an) et crient au risque de faillite. Trump leur promet une aide de 15 milliards de dollars. Un montant insuffisant dont ils n’ont d’ailleurs pas encore vu la couleur.

À l’inverse, Donald Trump est venu en aide à son ami argentin Milei, en grande difficulté économique. Le Trésor américain a débloqué 20 milliards de dollars pour redonner des couleurs à la monnaie argentine. Or, pour récupérer de précieuses devises alors que ses caisses se vident, le pays a supprimé toute taxe à l’exportation (25 %) sur la graine de soja, provoquant des ventes de plusieurs millions de tonnes… à la Chine ! Même dans le camp Trump, la décision d’aider l’Argentine ne passe pas : Trump leur avait promis « l’Amérique d’abord » . À Chicago, les cours sont plombés à 370 $ la tonne, mais pourraient encore chuter si les stocks venaient à s’alourdir.