Cercosporiose : contournements de résistance et nouvelles approches de surveillance

Les chercheurs de tous les pays suivent de près la cercosporiose au laboratoire comme sur le terrain. Aux États-Unis, des variétés CR+ sont commercialisées depuis 2021, mais des contournements de résistance sont observés, avec des symptômes qui augmentent chaque année. Pour comprendre ces phénomènes, la communauté scientifique intensifie ses travaux pour adapter les stratégies de sélection variétale. Les sélectionneurs ont identifié les souches de C. beticola capables de déjouer la résistance et développent des nouvelles générations de variétés. L’Anses, en collaboration avec l’Inrae et l’ITB, a présenté ses travaux de caractérisation des souches, qui montre une très forte diversité génétique et des niveaux de résistance aux triazoles variables. Ces données soulignent la nécessité d’une approche intégrée combinant sélection variétale, modélisation épidémiologique et suivi des populations du champignon. L’ITB a présenté son modèle de prédiction de la cercosporiose, un outil testé par la filière cette année. L’objectif est de faciliter la gestion de la maladie en ciblant mieux les traitements. Les méthodes de contrôle de la cercosporiose les plus efficaces, d’après les chercheurs, sont l’allongement des rotations, l’enfouissement des résidus de récolte, le choix de variétés résistantes et l’utilisation raisonnée de fongicides en alternant les modes d’action pour limiter le développement des résistances. De nouvelles techniques, telles que le piégeage de spores à grande échelle en Angleterre, facilitent le monitoring de la maladie ainsi que l’étude des résistances aux fongicides. Des spores peuvent être captées très tôt dès la fin du mois de mai. La proportion de souches résistantes aux matières actives fongicides augmente au cours de la saison, lorsque les premiers traitements sont réalisés. La proportion de spores capturées chaque semaine est fortement corrélée aux précipitations hebdomadaires.

Jaunisse : avancées de la recherche et stratégies de lutte en Europe

La lutte contre les jaunisses virales de la betterave mobilise activement la recherche européenne. Les programmes de sélection progressent : plusieurs génotypes exprimant peu ou pas de symptômes ont été identifiés, et les études de localisation des gènes de résistance sont en cours. Parallèlement, l’étude des co-infections virales vise à mieux comprendre les interactions entre les virus et leur impact sur la sévérité des symptômes. Des prospections sont également menées dans plusieurs pays européens afin d’identifier les plantes hôtes réservoirs susceptibles de maintenir les virus pendant l’hiver. Concernant les moyens de lutte au champ, l’efficacité des plantes compagnes est confirmée dans différents pays. La présence de ravageurs souterrains tels que les thrips semble également réduite avec les plantes compagnes. Des pistes originales sont explorées, à l’image des essais britanniques portant sur la coloration des champs en bleu, qui semble réduire la présence des pucerons. Enfin, l’efficacité des traitements insecticides autorisés dans les différents pays européens a été partagée.

Cicadelles vectrices du SBR : recherche de méthodes de lutte efficaces et monitoring

Des méthodes de lutte contre les cicadelles vectrices des bactéries responsables du SBR et du RTD sont activement recherchées en Europe. Les semenciers allemands ont désormais mis en routine des programmes de sélection variétale. Des différences de comportement variétal face au SBR ont été observées. Des insecticides et des traitements de semences sur céréales sont testés, les cicadelles se nourrissant sur les racines du blé d’hiver semé après la betterave. Au laboratoire, la téfluthrine montre un effet significatif sur la survie des nymphes et la transmission du pathogène. Ce produit doit désormais être testé au champ, où son efficacité sera mesurée par le suivi et la quantification de l’émergence des adultes au printemps à l’aide de tentes. Le déploiement de pièges connectés à travers l’Europe permettra, à terme, de développer des algorithmes de reconnaissance des cicadelles afin de faciliter leur détection et d’étudier leurs dynamiques de vol. Le monitoring avec des pièges collants a notamment permis d’observer en Autriche des cicadelles P. leporinus provenant de parcelles de blé d’hiver avec un pic de vol fin juin, comme en Allemagne. Le pathogène responsable du SBR a été détecté dans un tiers de ces cixiidés. Les plantes infectées présentent des richesses réduites dues à une diminution du taux de sucrose en faveur du taux de glucose. Ces symptômes pouvant être la conséquence d’autres facteurs, ils ne permettent pas de détecter une infection au SBR. En France, ces maladies sont sous surveillance, quelques parcelles sont touchées en Alsace. La pression est en revanche préoccupante en Allemagne et dans l’est de l’Europe.