Les producteurs de colza et de tournesol en Europe voient les cours grimper depuis une quinzaine de jours ; un vent d’optimisme souffle sur les échanges mondiaux, en Europe comme aux États-Unis. La graine de colza vendue sur le marché physique FOB Moselle atteint 487 €/t le 18 novembre, son plus haut niveau depuis le début de la campagne. Le seuil de 500 €/t est à portée. Les marchés à terme emboîtent le pas, à 485 €/t pour l’échéance de février 2026, et 482 €/t en mai 2026.
Les cours s’envolent aussi pour le tournesol rendu à Saint-Nazaire, passé en quinze jours de 540 à 615 €/t, une flambée de 75 €/t. Outre cette ambiance de « meilleurs jours », Agreste a revu la prévision de récolte française en baisse à 1,4 Mt, soit 20 % de moins que la moyenne quinquennale. Et la production ukrainienne, pivot des prix, est elle aussi revue à la baisse à 10,5 Mt en 2025, contre 11,5 Mt en 2024. La guerre avec la Russie et la météo exécrable n’aident évidemment pas.
Mais la flambée des marchés tient surtout à la détente dans la guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine, après la rencontre entre Donald Trump et Xi Jinping. Les deux dirigeants ont annoncé un accord valable un an, incluant notamment des achats de soja américain par la Chine. Trump parle de volumes « considérables », censés rassurer des producteurs américains qui se disent aux abois. Pékin n’a donné aucun chiffre. Il n’empêche : à Chicago, les cours de la graine de soja ont bondi de 370 à plus de 425 $/t depuis l’annonce de l’accord. La réduction des tensions viendrait aussi soutenir la demande mondiale, et expliquer l’envolée générale.
Les Chinois reviennent même sur le marché canadien du canola, après cinq ans de froid dus à l’arrestation de la fille du patron chinois de Huawei. La Chine a aussi assoupli ses rapports avec l’Australie. En répartissant ses achats ici ou là, la Chine, en plein ralentissement économique, sécurise peut-être ses approvisionnements.
Mais les prix des oléagineux ne resteront élevés que si la demande augmente. Car du côté de la production – surtout en soja – les volumes ne cessent de grimper. Ainsi, aux États-Unis, la récolte qui touche à sa fin atteint 115 Mt. Le Brésil, lui, vient d’annoncer une récolte géante de 177 Mt, battant le record de 171 Mt de l’an dernier. Redoutable concurrent des États-Unis, le Brésil exporte plus de 100 Mt pour 43 milliards de dollars ! Après une rencontre entre Trump et le président brésilien Lula, les tensions se réduisent aussi, avec une petite diminution des droits de douane à la clé. Décidément, l’heure est à la détente et les marchés s’en réjouissent.





