Mobilisées depuis plusieurs mois sur le sujet, les organisations agricoles représentant les filières de grandes cultures, dont la CGB (1), ont rappelé leur vive opposition à la mise en œuvre, dès le 1er janvier 2026, du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (MACF), pour les engrais. Dans un communiqué commun, diffusé le 28 novembre, elles s’émeuvent des propositions formulées par les services interministériels lors d’un groupe de travail organisé la veille : « les solutions avancées aujourd’hui pour compenser les conséquences du MACF sur le prix des engrais ne sont rien d’autre qu’un pansement sur une jambe de bois ! Nous courons à une catastrophe annoncée dont beaucoup d’entre nous ne se relèveront pas ! »

Dans une vidéo diffusée lors de l’assemblée générale de la Fop, le 26 novembre, la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, avait déclaré que des démarches étaient engagées par la France pour « préserver les agriculteurs d’une hausse des coûts », en demandant notamment à Bruxelles d’activer un plan engrais.

Insuffisant, pour les sept organisations, alors que 43 % des engrais consommés en France pourraient être concernés. Ces dernières, qui fustigent « un bricolage de mesures nationales », plaident pour une « reprise à zéro au niveau européen » des discussions. Les responsables des filières, qui ont claqué la porte du groupe de travail, demandent que la France exige le report immédiat du MACF sur les engrais, puis, que le mécanisme supprime définitivement les engrais de son champ d’application. « La France doit prendre ses responsabilités face à l’obstination de la Commission ! Dans le contexte géopolitique actuel, une telle taxe revient à tirer une balle dans le pied de notre sécurité alimentaire », alertent-elles.

Les organisations européennes sur le pont

Alors que le MACF pourrait occasionner une taxe, pour l’importateur, de 144 €/t pour l’urée, les représentants des filières de grandes cultures pressent pour des actions concrètes et rapides pour limiter le risque de pénurie et d’envolée des prix, déjà amorcées à l’approche de l’entrée en vigueur de ce mécanisme. Des inquiétudes partagées au niveau européen. Dans une déclaration commune datée du 25 novembre, douze organisations européennes, dont le Copa Cogeca, la Cibe (betteraves) et Maiz’Europ, tiraient également la sonnette d’alarme. « De nombreux facteurs servant au calcul du MACF n’ont pas encore été fixés par la Commission. (…) Les estimations les plus basses indiquent que le MACF pourrait augmenter le prix des engrais de 10 à 15 % en 2026, certains scénarios prévoyant des hausses pouvant dépasser 30 %. Alors que 50 % des approvisionnements en engrais de l’UE proviennent de pays tiers et que les stocks actuels ne couvrent qu’environ 60 % des besoins de l’année prochaine, cette incertitude menace le commerce des engrais et la continuité de leur approvisionnement pour les agriculteurs européens. »

(1) AGPB, AGPM, CGB, Fop, La Coopération agricole, NégoA, UNPT