Guillaume Gandon, vice-président de la CGB : « Sur l’Ukraine et le Mercosur, des impacts colossaux »
Si le marché du sucre européen est un marché mature, capable de produire ce qui est consommé en interne, celui-ci se retrouve menacé par l’ouverture des frontières européennes, prévient Guillaume Gandon, notamment dans le cadre de l’accord avec le Mercosur : « l’enjeu est considérable : 50 000 hectares de betteraves. »
Ses inquiétudes sont du même ordre sur les échanges avec l’Ukraine. « En quatre ans, 1,2 Mt de sucre ont été importées en Europe, contre 80 000 tonnes avant la guerre. C’est colossal ! Nous sommes en conséquence passés d’un prix du sucre de 1 000 €/t, ce qui était certes cher, à 400 €/t (soit 15 €/t en moins pour les betteraves). Importer était une décision politique. Or, c’est la filière qui paie la facture. L’UE doit réparer l’impact de cette décision. » Le vice-président de la CGB assure qu’un compromis sera à trouver entre les modèles agricoles européen et ukrainien. « Rappelons-nous aussi de l’intégration de la Pologne il y a 20 ans. Depuis 2017, ses surfaces de betteraves ont augmenté de 35 %. Ce n’est pas une réussite agricole ! »
Yves Le Morvan, responsable filières et marchés chez SAF Agridées : « L’Ukraine est et sera toujours un grand pays agricole »
La SAF Agridées a rédigé une note, publiée en novembre 2025, sur l’éventuel élargissement à 35 de l’Union européenne. « À ce sujet, l’Ukraine est l’éléphant dans la pièce, résume Yves Le Morvan, le co-auteur du document. Avec ses 26 Mha, l’Ukraine est et sera toujours un grand pays agricole. » Le responsable filières et marchés chez Agridées se veut néanmoins rassurant : « pour que l’Ukraine entre dans l’UE, l’unanimité des 27 est nécessaire, ainsi que l’organisation de référendum dans chaque pays. » La note propose un scénario « d’intégration différentielle », comme une intégration limitée au schéma économique européen. « Les frontières ont été ouvertes entre 2022 et 2024, nous avons vu ce que cela donnait, nous pouvons en tirer des leçons », conclut Yves Le Morvan.





