Appelé également blé noir, le sarrasin n’est pas une céréale. Cette plante appartient à la famille des polygonacées, ce qui est un avantage agronomique puisqu’elle n’est pas sensible aux parasites des autres cultures telles que le blé, le colza ou le pois. De plus, le sarrasin à partir du stade 2 feuilles, parvient à concurrencer les adventices, par des effets antagonistes. Cette culture à bas niveau d’intrants (BNI), promue par l’Agence de l’eau de Seine-Normandie, fait partie des meilleures options pour diversifier les rotations. Elle ne convient cependant pas à tous les types de sol, puisqu’elle préfère une terre acide ou neutre.
Doublement gagnant, le sarrasin limite les intrants durant son cycle, et plus largement sur l’exploitation. Indirectement, il agit en coupant le cycle des maladies et des ravageurs sur les autres cultures. Enfin, sur le plan agronomique, le sarrasin a l’effet d’une culture « nettoyante », ce qui contribue à réduire la pression des adventices dans la rotation. Le rendement, qui se situe entre 10 et 25 q/ha, détermine évidemment le résultat final. Si l’on trouve un débouché en meunerie, c’est un moyen de sécuriser le revenu. Le prix de vente dépasse souvent 500 euros/tonnes en conventionnel, voire davantage pour le blé noir IGP ou certifié bio, autour de 800 euros/tonne. Les graines peuvent également être destinées à l’oisellerie ou au débouché engrais vert.

Placé en fin de rotation

L’idéal est de cultiver le sarrasin en fin de rotation car il a peu de besoins en azote. Il est même conseillé de ne pas l’implanter sur un sol trop riche en azote ni après une légumineuse. En revanche le sarrasin s’insère très bien dans une rotation avec de la pomme de terre. Les charges sont réduites : en moyenne 85 €/ha d’intrants et un total de 280 €/ha en incluant travaux et main-d’œuvre. Le sarrasin se cultive bien en semis direct, sur une terre propre, car malgré ses propriétés nettoyantes, il se montre sensible au salissement à un stade précoce ou en cas de démarrage lent. Le semis est conseillé à 2-3 cm de profondeur et au même écartement qu’un blé. Comme la plante est sensible au gel, elle doit être semée assez tard, de mi-mai à mi-juin dans les régions froides au nord de la Seine. Un semis tardif, après le 20 juin, fait prendre plus de risques quant à la fenêtre météo pour la récolte. La proximité de ruches est conseillée, permettant d’améliorer la fécondation du sarrasin, qui se fait uniquement par les insectes.
La récolte intervient 100 à 120 jours après le semis, entre mi-septembre et début novembre. Comme la maturité des grains s’échelonne sur plus d’une semaine, la difficulté est de trouver un bon compromis pour la date de moisson. Il est conseillé de réaliser le battage lorsque les 3/4 des grains sont à maturité et à un taux d’humidité en dessous de 16 à 17 %. Mieux vaut attendre que de récolter un grain humide, dont la moindre qualité risque d’entraîner des réfactions. Le séchage est nécessaire quand le taux d’humidité du grain dépasse 16 %, afin de l’abaisser à 11-12 %. Le grain humide est fragile et, s’il chauffe, il peut moisir et rancir en 2-3 jours, la récolte devenant alors impropre à la vente.
Pour assurer un débouché local au sarrasin, les initiatives se multiplient. Dans l’Orne, la chambre d’agriculture a associé six cultivateurs, un meunier et un crêpier pour donner jour à la galette d’Alençon. Dans l’Oise et l’Aisne, la culture est expérimentée par les chambres d’agriculture et plus de 70 hectares ont été implantés autour de Noyon.