Après plusieurs mois de travail, tous les représentants du secteur, de la recherche jusqu’à la mise en marché, en passant par la production et la transformation, ont rédigé, sous l’égide de l’Association interprofessionnelle de la betterave et du sucre (AIBS), un plan stratégique « Betteraves-Sucre-Bioénergies » de plusieurs dizaines de pages proposant 52 leviers d’actions. Répartis dans cinq grands axes, ils ont pour objectif « d’aider la filière à retrouver des leviers de croissance et une ambition commune ». Chaque mesure est assortie d’engagements des professionnels. Certaines nécessitent des appuis réglementaires, fiscaux ou financiers de la part des pouvoirs publics. Le premier axe vise à renforcer la compétitivité de la culture de betteraves, en favorisant la triple performance économique, sociale et environnementale. Cela doit passer par une amélioration des pratiques de l’exploitation, avec par exemple la mise en place de formations et le transfert de nouvelles techniques de production. Des aides à l’investissement pourraient appuyer ce transfert, pour permettre aux producteurs de s’équiper de technologies modernes, comme des semoirs de précision et des pulvérisateurs à modulation de doses. La filière souhaite également s’organiser pour gérer les crises et la volatilité des prix en expérimentant, en conditions réelles, la mise en place d’un instrument de stabilisation des revenus.

Améliorer la compétitivité

La recherche et développement ne sera pas en reste puisque de « nouveaux projets structurants » sont prévus, à la fois en culture conventionnelle et en bio. La filière souhaite appuyer la mise en place d’un programme de type Syppre, qui serait dédié au bio. Le deuxième chapitre du plan a pour but de consolider la compétitivité de l’industrie sucrière dans les territoires. Les fabricants entendent poursuivre les efforts en matière d’efficience énergétique des sucreries, mais aussi en matière de recyclage de l’eau et des effluents. La compétitivité industrielle passera aussi par un renforcement de l’attractivité des métiers, en favorisant l’apprentissage, et le développement de parcours d’intégration en entreprises.

Bioéconomie et optimisation de la logistique

Afin de renforcer sa résilience, la filière propose, dans un troisième axe, de diversifier les valorisations de la betterave et d’exploiter ses potentiels dans le cadre de la bioéconomie. Cela doit se concrétiser par l’essor des carburants E85 et ED95, avec des actions de communication et des incitations fiscales ainsi que par le développement de l’utilisation des pulpes pour l’alimentation animale et pour la méthanisation. Des projets sur la chimie du végétal sont également attendus. Le quatrième axe est consacré au renforcement des positions de la production française dans les échanges internationaux. Pour y parvenir, la filière souhaite l’optimisation de la logistique et la garantie d’une équité concurrentielle, au sein de l’Union européenne, et également vis-à-vis des pays tiers, comme l’Inde. Enfin, la cinquième partie du plan concerne la valorisation des produits, des pratiques et des métiers du secteur. Cela passera notamment par des actions soutenues de communication. La filière souhaite « élargir de façon urgente ses actions de communication de façon à améliorer globalement son image, sur ses métiers et ses pratiques, ses modes de production et sur le produit lui-même ». Validé en conseil d’administration de l’AIBS le 30 octobre, ce plan stratégique vient d’être remis officiellement au ministère de l’Agriculture.

Pour l’AIBS, l’avenir de ce plan ambitieux dépend également de « la capacité des pouvoirs publics à accompagner la filière dans la mise en oeuvre de ces objectifs. Il est notamment urgent de garantir la pleine cohérence des actions au niveau communautaire, national et régional, et ainsi de rétablir des conditions de concurrence équitables par rapport à nos partenaires commerciaux européens et mondiaux ». La filière demande à présent l’ouverture des discussions avec les ministères concernés afin de mettre en oeuvre le plan stratégique et « doter la filière d’une meilleure résilience dans un contexte post quotas plus difficile ».

Adrien Cahuzac