« C’est une plante aux multiples vertus, peu gourmande en engrais et en eau, adaptée aux terres calcaires et qui capte l’azote de l’air », insiste Pascale Gombault, à propos du sainfoin. La présidente de la coopérative Sainfolia, agricultrice installée à Viâpres-le-Petit (Aube), défend depuis plusieurs années la culture du sainfoin, comme plante à fourrage, préservant la biodiversité, mais pas seulement : « des travaux menés en 2016 par l’Inra ont démontré les propriétés antiparasitaires, contre les nématodes chez les animaux d’élevages, en particulier chez les ruminants, souligne-t-elle. Des essais in-vitro ont également été réalisés contre les nématodes de la vigne et de la betterave, avec succès ». Reste à dépasser maintenant le stade des expérimentations. Cela prendra plusieurs années. En attendant, la coopérative, qui compte une soixantaine d’adhérents, développe avec succès une production de miel, issu de sainfoin. Créée en 2016 par Sainfolia, la Ferme apicole compte 400 ruches. La production de la Ferme apicole a été certifiée bio par Ecocert en septembre 2017. « En bio, nous n’utilisons aucun produit chimique contre le parasite varroa. À la place, nous utilisons des huiles essentielles de thym. Nous avons eu entre 17 et 20 % de mortalité cette année. C’est un bon chiffre en bio. Parfois, cela peut aller jusqu’à 30 % », explique William Danton, producteur de sainfoin et apiculteur, adhérent de la coopérative.

Partenariat avec « C’est qui le patron ? »

Depuis deux ans, les efforts des adhérents et le bouche-à-oreille ont fait leur effet. Les ventes de miel de sainfoin de la coopérative, en vente sur son site Internet et en épiceries fines notamment, décollent. « Elles devraient représenter 30 % de notre chiffre d’affaires global cette année », se félicite Christelle Caillot, la vice-présidente de Sainfolia. Elles pourraient fortement progresser encore en 2019. La coopérative vient de signer un partenariat avec la marque « C’est qui le patron ? », qui a forgé son succès sur le juste prix payé aux producteurs, pour vendre son miel toutes fleurs. Elle est également en cours de négociations avec une enseigne spécialisée de magasins bio pour vendre son miel bio de sainfoin sous sa propre marque Sainfolia.

« Le revenu dégagé par l’activité apicole permet d’apporter un complément de revenu, distribué à nos adhérents en fonction de leur tonnage de matière sèche de sainfoin », explique Pascale Gombault, qui tient à rester prudente sur le développement de la filière. « Nous avons relancé la culture du sainfoin dans une logique d’économie sociale et solidaire. Mais il ne faut pas se lancer dans la production de sainfoin sans avoir de débouchés, sinon cela serait néfaste pour la filière. Il faut que chacun se prenne en main pour trouver de nouveaux clients », prévient-elle.

A. C.