Le groupe Avril va-t-il sortir de l’ornière dans laquelle il était tombé depuis deux ans ? Les derniers chiffres 2018 semblent le montrer. Après deux exercices de perte, le spécialiste français de l’oléochimie (biodiesel Diester, huiles Lesieur et Puget) et de l’élevage (Sanders, Matines) est repassé dans le vert. Le résultat net consolidé atteint 16 M€ contre une perte de 56 millions en 2017. Le bénéfice avant impôts et amortissement (Ebitda) a progressé de 22 %, à 156 M€ contre 122 millions en 2017, pour un chiffre d’affaires en baisse de 2 %, à 6,091 Md€. « L’exercice 2018 a été partagé en deux. Durant le premier semestre, le groupe a dû faire face à une conjoncture défavorable et s’est focalisé sur la réduction de ses coûts. Le second semestre s’est achevé de façon plus satisfaisante, sous l’effet notamment d’arbitrages ayant permis de dégager l’horizon sur des points réglementaires stratégiques comme l’avenir du biodiesel en Europe », a expliqué Jean-Philippe Puig, le directeur général d’Avril, tout en reconnaissant « devoir rester prudent car l’équilibre économique de notre métier historique n’est pas encore atteint ». Le 30 janvier dernier, l’Union européenne s’est prononcée en faveur d’un compromis limitant la concurrence déloyale du biodiesel de soja argentin, « en fixant un quota et un prix plancher au-delà desquels doivent être appliqués des droits anti-subvention ». L’importation massive de biodiesel argentin en Europe avait occasionné plusieurs semaines de chômage technique dans les usines de la filiale Saipol, spécialisées dans la trituration de graines.

Un Ebitda de 300 millions en 2023

Sur les produits de grande consommation, l’activité des huiles et condiments entend tirer parti du repositionnement récent des marques Puget et ISIO4 et du lancement en France de la marque italienne d’huile d’olive Costa d’Oro, acquise en mai 2018, hissant Avril au 3e rang mondial du marché de l’huile d’olive de marque. Fort de ce nouvel élan, le groupe a travaillé sur un nouveau plan stratégique, à horizon 2023. Le but est de doubler la rentabilité pour atteindre 300 M€ d’Ebitda, « Il s’agit d’un objectif à périmètre constant. Nous gardons la possibilité de réaliser de la croissance externe dans deux à trois ans », a souligné Jean-Philippe Puig. « Nous sommes prêts à investir dans plusieurs domaines pour peu que le cadre règlementaire français soit propice. Avril ne verse pas de dividendes à ses actionnaires, mais nous investissons fortement dans les filières agricoles », a répété Arnaud Rousseau, le président d’Avril. Pour nourrir sa croissance, Avril mise notamment sur l’Oleo100, lancé fin 2018. Ce carburant biodiesel 100 % à base de colza, renouvelable et tracé (B100) est destiné aux professionnels du transport et aux collectivités locales (flottes captives). L’objectif du groupe est d’en produire 200 000 tonnes en 2023.

Adrien Cahuzac