Le groupe Avril en est convaincu. Son biocarburant Oleo100 lancé il y a un an, en novembre 2018, a tous les atouts pour réussir et prendre des parts de marché au gazole. Issu à 100 % de colza français, il commence à connaître un bel engouement auprès des professionnels du transport (entreprises et collectivités), auquel il est réservé. La production de cet ester méthylique d’huile de colza utilisé dans les moteurs diesel devrait passer de 6 000 m3 en 2019 à 35 000 m3 en 2020, soit cinq fois plus, selon Jean-Philippe Puig, le directeur général d’Avril. L’objectif est d’atteindre 250 000 m3 en 2023. « Ce biocarburant est vendu à un prix équivalent au gazole, grâce à une réduction de la TICPE*. Il présente un bilan énergétique positif immédiat, avec une diminution des gaz à effet de serre de 60 % par rapport au diesel », rappelle Jean-Philippe Puig. Déjà quarante clients sont passés à l’Oleo100, comme Transgourmet et Noblet. Cinquante sont attendus au total sur la fin de l’année. Les collectivités locales commencent également à être séduites, comme Alençon (Orne), Granville (Manche) et la principauté de Monaco. Avril ambitionne 3 000 clients pour l’Oleo100 à la fin de 2020.

Lancer ce nouveau carburant n’a pas été une mince affaire pour le groupe, en proie à des difficultés économiques. « Nous avons développé un nouveau métier en un an et recruté de nouvelles équipes, pour prendre en charge l’aspect commercial, mais aussi la logistique et la gestion des stocks », souligne Jean-Philippe Puig. Avril a fait le pari d’être distributeur en plus de producteur. Un effort consenti dans le cadre du plan stratégique à 2023. Il vise à doubler la rentabilité du groupe, en passant par une conquête de valeur ajoutée dans tous les métiers.

Protéines de colza

Parallèlement, Avril poursuit la restructuration de Saipol, spécialisé dans la trituration des graines d’oléagineux. La concurrence de l’huile de palme et des importations de biodiesel argentin ont fait plonger la filiale dans le rouge, avec des pertes cumulées de 133 M€ entre 2015 et 2018.La filiale va se recentrer d’ici 2023 sur quatre sites de production sur les sept que le groupe compte. Les usines de Sète et de Montoir-de-Bretagne seront fermées ou cédées. L’usine de Dieppe (Seine-Maritime), qui avait brûlé en février 2018, devrait être réindustrialisée pour la fabrication de protéines à base de colza, destinées à l’alimentation humaine. « Quatre années de recherche ont été nécessaires pour arriver à ce procédé d’extraction de protéines, sous forme d’ingrédient à incorporer. Ses caractéristiques sont supérieures à celles du soja », se félicite Jean-Philippe Puig. La décision sur le lancement effectif du projet devrait être prise au printemps.

Adrien Cahuzac