C’est au Salon de l’agriculture, le 25 février, que la chambre d’agriculture de la Réunion et Carrefour ont donné le coup d’envoi à la création d’une filière de canne à sucre bio dans l’île. « Ce sera la première fois dans les Outre-mer qu’un tel projet voit le jour. Cela faisait partie de nos engagements lors des élections aux chambres il y a un an », s’est félicité Frédéric Vienne, le nouveau président de la chambre d’agriculture de la Réunion. Un partenariat a été signé pour créer une filière de A à Z, qui devrait déboucher sur du sucre bio réunionnais dans trois ans. « Déjà deux planteurs travaillent dans les conditions du bio, mais leur production est transformée dans la filière conventionnelle », a détaillé Frédéric Vienne. Après un sondage, la chambre estime pouvoir s’appuyer sur au moins vingt et un planteurs de canne pour mener ce projet. « Cette filière appartiendra aux producteurs réunionnais, ce qui n’est pas le cas des sucreries actuelles », a insisté le président de la chambre, faisant une allusion à peine voilée au groupe Tereos. L’industriel, propriétaire des deux dernières sucreries de l’île, n’est pas partie prenante du projet.

Une future usine

À terme, l’objectif serait de produire 500 tonnes de sucre bio. C’est une goutte d’eau face aux 200 000 t produites en moyenne chaque année à la Réunion, mais cela constitue une première à cette échelle. Le groupe Carrefour s’est engagé à verser 300 000 euros pour aider à la concrétisation du projet. Cela passera par la création d’un itinéraire agronomique, utilisant la mécanisation, puis à l’étude pour construire une petite unité de production. Le lieu n’est pas encore choisi, mais Frédéric Vienne souhaiterait que cela soit dans une ville où une sucrerie a fermé. Le distributeur s’est engagé à acheter un maximum de 40 % de la production de l’usine, pour ne pas lier les producteurs à un seul client. « Nous sommes heureux de participer à la constitution d’une filière qui appartiendra aux planteurs. Nous avons une vraie demande pour du sucre bio et nous ne pouvons pas satisfaire la demande », a expliqué Benoît Soury, le directeur des marchés bio chez Carrefour. La production devrait permettre de réaliser des produits d’épicerie à base de sucre de canne bio comme la confiture bio à marque Carrefour. Le reste devrait être vendu sous forme de sucre vrac.

Adrien Cahuzac