Face à la déferlante contre les produits phytosanitaires et en particulier le glyphosate, l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) appelle au pragmatisme. Elle milite pour une approche combinée des solutions en matière de protection des cultures : un mix de génétique, biocontrôle, chimie de synthèse, machinisme et agronomie. « Il faut donner du temps à ces évolutions pour ne pas créer de ruptures et donc des incompréhensions qui seraient mal vécues », a souligné, le 4 décembre, Nicolas Kerfant. Le président de l’UIPP a rappelé que sans protection des plantes, ce serait 30 à 40 % de récolte en moins dans les grandes cultures, alors que 7 nouveaux insectes ravageurs apparaissent chaque année en France.

Sur le dossier du glyphosate, l’organisation estime qu’il n’y aura pas d’alternative efficace d’ici trois ans. « Ce n’est pas en interdisant que l’on va trouver des alternatives plus vite. Entre 10 à 15 années sont nécessaires pour développer un nouveau produit. Le pas du temps scientifique n’est pas le pas du temps politique », a insisté Eugenia Pommaret, la directrice générale de l’UIPP.

Investissements sur le biocontrôle

En matière de développement du biocontrôle, l’organisation a rappelé les efforts de ses adhérents : 10 % des 200 millions d’euros investis en R & D sont à destination du biocontrôle. « Nous investissons deux fois plus que ce que pèse ce marché, 5 % de la protection des plantes en France aujourd’hui », a souligné Nicolas Kerfant, rappelant que même si « on multiplie par 3 la part du biocontrôle d’ici 5 ans, comme le préconise le Contrat de solutions, il y aura encore 85 % de produits conventionnels ». « La progression des produits de biocontrôle n’est pas récente. C’est un phénomène de fond que nous observons au niveau mondial depuis plusieurs années », a-t-il ajouté. Le nombre de nouveaux produits conventionnels est en constante baisse par rapport à ceux du biocontrôle. « Nous devrions arriver à 50/50 prochainement », estime Nicolas Kerfant. Pour l’instant, le biocontrôle est encore loin d’apporter une alternative complète aux produits conventionnels. « Aucun herbicide n’existe en biocontrôle pour l’instant », a indiqué Eugénia Pommaret. Sur le front de la communication, l’UIPP reconnaît être aujourd’hui « difficilement audible et crédible », sous son nom, auprès du grand public et des politiques. Pour autant, après réflexion, l’organisation a préféré renoncer à un changement de nom, un temps évoqué. L’UIPP se consacrera, en 2019, à la poursuite de sa stratégie de communication, baptisée Le Siècle vert, pour expliquer les métiers de l’agriculture et de la protection des plantes. Un studio du Siècle vert sera mis en place au Salon de l’agriculture en mars et l’exposition la Cité du Siècle vert sera déclinée en région.

Les lapins de la discorde