Le cours du sucre brut s’installe au-dessus des 13 cts/lb. Alors que l’ISO estime désormais probable d’avoir un déficit mondial en sucre au-dessus de 6 Mt, les derniers chiffres de production mondiale, selon l’analyste F.O. Licht, s’établissent autour de 177 Mt : c’est 3 Mt de moins que l’an dernier,
et cela pourrait conduire à creuser ce déficit autour de 9 Mt. Dans le même temps, les facteurs macroéconomiques se redressent : la monnaie brésilienne retrouve une légère vigueur face au dollar et le pétrole franchit à nouveau la barre des 65 $/baril. Dans ce contexte, les spéculateurs revoient à la baisse leurs positions nettes vendeuses, qui ne sont plus que de 1,5 Mt, soit huit fois inférieures à leur niveau d’octobre. L’effet est mécanique sur le sucre brut, qui se maintient désormais au-dessus de 13 cts/lb. Cela va-t-il se poursuivre ? L’éthanol brésilien conserve des valeurs historiques et,
quand bien même ce sucre brut prendrait encore 1 cts/lb, cela maintiendrait une allocation de la canne brésilienne vers l’éthanol lors de l’ouverture de la prochaine campagne, en avril prochain.

Mais, pour l’instant, cette reprise du marché mondial n’a aucun effet sur le marché européen. Pire : les chiffres de la Commission européenne sur les livraisons de sucre en octobre dernier – soit le premier mois de cette nouvelle campagne – ont fait l’effet d’une douche froide. Alors que les nouveaux contrats de vente de sucre étaient annoncés au-delà des 400 €/t, les livraisons ont été faites à 320 €/t en ce qui concerne la France. Cela indique que la très grosse majorité des volumes restent toujours sous des contrats négociés avant connaissance de la sécheresse 2018 !

Alors que le marché mondial reprend, et alors même que la Commission européenne vient d’indiquer que la campagne 2018-2019 a été importatrice nette de 300 000 t, les engagements contractuels entre acheteurs et vendeurs de sucre ne permettent toujours pas à la filière européenne d’en profiter… Jusqu’à quand ?

Heureusement, l’éthanol, porté par une demande robuste et une production réduite, franchit des records de semaines en semaines. Il dépasse désormais les 69 €/hl ! Et même les prix des échéances éloignées restent élevés : au-dessus de 55 €/hl jusqu’à janvier 2021 !

Timothé Masson, CGB