Quelles ont été les conséquences du confinement, ce printemps, sur la consommation de pommes de terre ?

Avant la crise du coronavirus, le marché du frais était inquiet pour sa fin de campagne en raison de certains volumes qui risquaient de ne pas trouver de destination. Le marché de l’industrie était très porteur. Tout a changé en quelques semaines. Il y a eu un renversement de tendance. Les volumes consommés en grande distribution ont bondi de 50 % chez certaines enseignes. Les entreprises de notre filière ont dû s’adapter en quelques jours pour répondre à la demande en même temps que la mise en place de mesures sanitaires. Nous sommes fiers d’avoir pu assumer avec sérieux un approvisionnement régulier à des prix maîtrisés.

Comment voyez-vous la prochaine campagne ?

Sur le plan agronomique, la culture a été touchée par la sécheresse. Mais cela dépend des régions. En Beauce, les rendements semblent satisfaisants car les surfaces ont été irriguées. Dans les Hauts-de-France, les rendements seront très moyens. La pression mildiou n’a pas été très forte. En revanche, les doryphores sont apparus plus tôt cette année. Nous pensons que le marché sera équilibré et qu’il n’y aura pas de surproduction. Mais nous devons rester vigilants. Il n’est pas question que des pommes de terre destinées à l’industrie viennent perturber le marché du frais. Cela anéantirait tous les efforts que la filière du frais a fournis depuis vingt ans pour segmenter le marché en fonction des variétés et des utilisations. Le CNIPT veillera au respect des règles en vigueur (sanitaires, variétés, origine, qualité, calibre, aptitude culinaire…) et effectuera tous les tests qualitatifs et variétaux pour s’assurer que les propriétés des pommes de terre vendues en magasins correspondent à la réglementation du marché du frais. Nous avons donné des consignes à nos corps de contrôle pour être toujours plus vigilants.

Comment se passe la fin de l’utilisation du CIPC dans la filière ?

2020 va rester comme une année de changement majeur. Pendant trente ans, nous avons utilisé le CIPC comme moyen de conservation des pommes de terre. Depuis le 8 août, son utilisation est interdite. Nous travaillons avec des produits de substitution comme Dormir, mais la filière a des inquiétudes sur sa disponibilité. Un vote au sein du Comité permanent des végétaux, des animaux, des denrées alimentaires et de l’alimentation animale (ScoPaff) de la Commission européenne doit intervenir les 28-29 septembre 2020, pour statuer sur une limite maximale de résidus temporaires (LMRt). Le CIPC est très rémanent et la filière a fait valoir des arguments afin de disposer, pendant un certain temps, d’une LMRt permettant de faire face aux éventuelles contaminations croisées. Le taux de cette LMRt pourrait être de 0,4 mg/kg. Après le vote, un délai raisonnable s’appliquera avant que la LMRt ne devienne applicable. Ce délai, de 6 à 10 mois après le vote, doit permettre de se préparer à satisfaire aux nouvelles exigences.