« L’agriculture, c’est ma passion », reconnaît Marie de Sainte-Maresville. Fille d’agriculteurs à Beaumerie Saint-Martin, à quelques kilomètres d’Attin (groupe Tereos), elle annonce avec fierté que leur famille exploite la ferme de Saint-Nicolas depuis 100 ans. La jeune femme (27 ans) y apprécie la complémentarité entre l’élevage des 50 vaches allaitantes et les grandes cultures. Son BTS agricole en poche, elle rejoint l’exploitation de 280 ha comme salariée, aux côtés de ses parents et d’un autre employé. Mais pour autant, pas question de se limiter à la vie rurale. La ville, les activités et les contacts avec des personnes de tout horizon lui sont indispensables. Aussi, à 22 ans, elle n’hésite pas à participer au concours des miss du pays du Montreuillois. Même si elle attend quelques jours avant de le dire à ses parents… Peu convaincus par cette mise en avant médiatique. Élue, pendant un an, celle que les organisateurs appelaient affectueusement la belle des champs intervient lors de nombreuses représentations. « Pour moi, c’était une occasion unique de casser les clichés. Oui, une fille d’agriculteur peut devenir miss et aimer la mode. Et surtout, je pouvais expliquer l’agriculture que nous pratiquons. Je n’ai rien à cacher. Nous suivons la réglementation, les normes et nous pouvons être fiers de ce que nous produisons », insiste-t-elle.

Toujours à l’écoute, elle préfère de loin exposer les faits et les pratiques aux prises de position défensives. « La plupart des Français ignorent tout de l’agriculture d’aujourd’hui. Et les médias apportent peu d’informations objectives sur ce sujet », regrette-t-elle. « Il faut rétablir la vérité sur nos façons de cultiver et d’élever nos animaux ».

Représenter l’agriculture conventionnelle sur M6

C’est un peu surprise qu’en 2019, Marie reçoit un coup de fil d’un responsable de M6, qui lui propose de représenter l’agriculture conventionnelle dans l’émission E=M6 de Mac Lesggy. Cette émission présente trois manières de cultiver le blé : conventionnelle, régénération des sols et biologique. Après plusieurs échanges, Marie accepte. « J’avais la certitude qu’il s’agissait une émission d’information, et non d’un reportage à charge », appuie-t-elle. Son père, Jean-Paul, est davantage réticent. Pour Marie, il s’agit d’une véritable opportunité de défendre l’agriculture raisonnée. « Nous devons informer pour que d’autres jeunes aient envie de s’installer. Nous apportons une nourriture saine. Nous prenons soin de notre sol. Les agriculteurs évoluent sans cesse pour trouver des solutions », poursuit celle qui fait partie du groupe de développement, Geda du Montreuillois.

Une journaliste et un caméraman viennent six fois à la ferme, du semis à la récolte. Ils découvrent les contraintes. Le semis, reporté plusieurs fois pour cause de pluie, a lieu finalement début novembre. « L’équipe de M6 s’impatientait et craignait un refus tardif de notre part », sourit Marie. Mais elle n’est pas du genre à se dérober. Avec aisance, elle présente dans un langage accessible au grand public toutes ses pratiques. Elle décrit le travail du sol, le calcul des doses d’intrants, les analyses de sol, l’utilisation d’OAD (Outils d’aide à la décision) pour calculer la juste dose, comme N-tester ou encore Mileos. Elle expose aussi les contraintes météo, le changement climatique qui complique la donne. Les journalistes mettent aussi en avant le côté familial et les transmissions, la place des femmes. Ils filment le repas de midi, avec les parents, le salarié et la grand-mère.

Certaines prises sont réalisées plusieurs fois par le caméraman, jusqu’à ce qu’elles paraissent naturelles. Avec Mac Lesggy, venu à la ferme, l’agricultrice enterre un tee-shirt dans le sol pour constater sa dégradation quelques semaines plus tard. Elle donne aussi du blé pour l’analyse des résidus de pesticides et la préparation de pain.

Des sols vivants, du blé sain sans résidus

Le 6 mars dernier, la famille de Sainte-Maresville découvre l’émission en même temps que deux millions de spectateurs. Elle ne connaît pas les résultats des analyses. L’émission constate qu’aucun résidu n’a été retrouvé dans leur blé. Comme 75 % des échantillons de blés européens, ils sont exempts de résidus. Le documentaire montre aussi que les micro-organismes ont troué le coton du tee-shirt de Marie, certes un peu moins qu’en agriculture de régénération des sols ou biologique. Le sol n’est pas mort. Même si les conditions de récolte du précédent pommes de terre et de semis s’avéraient défavorables. Enfin, lors des comparaisons de dégustation de baguette à l’aveugle, celle réalisée avec le blé de Marie est ressortie gagnante. « Toutes les agricultures ont leur place », défend la médiatique exploitante.

Suite à son passage sur M6, Marie a reçu plusieurs messages de félicitation d’inconnus. Ils l’ont remerciée d’avoir défendu d’une façon constructive l’agriculture raisonnée. Un véritable message d’espoir présenté avec sincérité et fraîcheur. La dynamique communicante continue de défendre l’agriculture en participant au conseil municipal de Montreuil-sur-Mer ou avec les clients de sa location « L’art du temps le Gîte » qu’elle a ouvert dans cette ville. Et toujours avec le sourire !