On assiste à une pause dans la hausse des marchés mondiaux du sucre, alors que les échéances proches sont sur le point de clôturer. Conséquence technique, les spéculateurs ont tendance à légèrement se désengager : ils ont réduit leurs positions net-acheteuses de presque 1 Mt en un mois. Pas de quoi trembler néanmoins, puisqu’ils restent nets-acheteurs de 9,4 Mt de sucre ! Restons donc prudents et attendons la prochaine quinzaine pour vérifier qu’il ne s’agit bien que d’un soubresaut. Une tendance plus prononcée est peu probable, selon la plupart des analystes : les fondamentaux mondiaux restent en effet bien tendus. Pour preuve, on s’attend à un stock de fin de campagne, au niveau mondial, au plus bas depuis 10 ans…

Même son de cloche dans l’Union européenne à la veille de l’ouverture de notre campagne. Quatre années moroses ont en effet conduit à une surface betteravière bien réduite. Avec moins de 1,4 Mha de betterave à récolter dans l’Union, on retrouve le niveau sous quota. Et si le climat actuel permet une petite remontée des rendements, il en faudrait bien plus pour s’assurer une autosuffisance de l’Union, alors que les stocks communautaires s’annoncent au plus bas depuis 2011.

A priori, vu les rendements attendus dans l’Union, la campagne qui va ouvrir sera ainsi nette-importatrice de près de 0,6 Mt. Et quand on voit le niveau des prix mondiaux, il faudra que nos prix domestiques grimpent suffisamment pour être attractifs.

D’ailleurs, le marché spot s’envole : on atteint 545 €/t rendu utilisateur. Une partie du sucre qui sera livré sur la prochaine campagne a déjà été commercialisé, mais il semble que cette partie soit moindre qu’auparavant : ce serait encourageant pour la filière, et montrerait que l’on a su revoir notre politique commerciale post-quota.

D’autant que l’éthanol carburant n’est pas en reste : il atteint des niveaux que l’on n’avait pas vus depuis un an. Même sur les échéances de cet hiver, il dépasse les 70 €/hl, soit de quoi valoriser des betteraves au-dessus de 28 €/t, hors pulpe. Dans un contexte de remontée des prix des carburants, nul doute que cette filière sera le débouché d’une bonne partie de nos betteraves, réduisant d’autant la disponibilité en sucre de l’Union, et creusant encore le déficit…