Désignant la graine de chanvre, le chènevis pèse 11 % du poids de la plante, contre 24 % pour la fibre et 44 % pour le chènevotte. En contrepartie, les graines représentent 21 % de la valeur de la récolte, et permettent de valoriser pleinement la production. Riche en acides gras et en protéines, le chènevis trouve ses principaux débouchés en alimentation humaine et en oisellerie. Sa composition en fait un aliment de qualité, qu’il soit utilisé sous forme d’huile, de farine, de graines entières ou décortiquées.
Quatre chanvrières (Planète chanvre, EuroChanvre, Cavac et La Chanvrière) ont été auditées fin 2020 par l’organisme de certification Ocacia et ont obtenu la certification « Chènevis français » lancée en février 2021 par l’interprofession Interchanvre. Environ 15 000 tonnes de graines seraient cette année sous label. Une certification concernant la « fibre durable » est aussi en cours. « Elle comporte les mêmes exigences que celui du « Chènevis français », avec en plus la transformation qui doit être entièrement mécanique », relève Nathalie Fichaux, directrice d’Interchanvre, qui ajoute que « cela va permettre de lancer une marque française de fibre de chanvre zéro phyto ».

Des pratiques transparentes

Le cahier des charges du label « Chènevis français » s’appuie sur une démarche certifiée de chanvre 100 % français et zéro phyto en culture. La charte s’engage aussi à produire sans OGM, sans irrigation, tout en captant du CO2. Un hectare de chanvre a la capacité d’absorber 15 tonnes de CO2 durant un cycle de production. Les producteurs adhérant à la charte s’engagent aussi à cultiver exclusivement des semences françaises, en enregistrant toutes leurs pratiques, du semis à la récolte. Cette démarche vertueuse intéresse déjà la Mairie de Paris, qui étudie l’incorporation du chènevis dans les menus de la restauration hors foyer. « Nous sommes aussi en contact avec la région Île-de-France, qui devra se fournir en aliment local à hauteur de 20 %, dans le cadre de la loi EGalim », ajoute Nathalie Fichaux.

Fabrication de murs en béton-chanvre

À Aulnoy (Seine-et-Marne), Planète Chanvre a une démarche pionnière, en investissant dans un séchoir de graines de chanvre et des équipements spécifiques préservant ses qualités nutritionnelles. « Nous pouvons, pour la première année, sécher et stocker des graines de chanvre sur place, soit environ 700 tonnes », annonce Eric Grange, directeur de Planète Chanvre. L’unité est dotée d’une capacité de stockage de 1 200 tonnes et elle a été certifiée conforme aux cahiers des charges de l’Agriculture biologique par Ecocert. Les graines vont ensuite être commercialisées dans les circuits alimentaire et cosmétique. Planète Chanvre, qui rassemble une centaine de producteurs en Seine-et-Marne, a récolté cette année environ 850 hectares de chanvre et a créé une unité de fabrication de murs en béton-chanvre, Wall’up.