Une bonne partie des betteraves sont arrachées dans l’Union européenne, et il se confirme que le rendement moyen communautaire devrait être supérieur à près de 3 % de sa moyenne quinquennale, sans prendre en compte la désastreuse campagne 2020-2021. Avec des surfaces dans la moyenne de ce qui était en période de quota (moins de 1,4 Mha), l’Union européenne à 27 ne devrait produire qu’un petit 15,9 Mt.

A priori, l’Union européenne devrait donc n’exporter qu’un petit million de tonnes de sucre, sur des marchés limitrophes ou protégés (Suisse, Royaume-Uni, Israël), et n’aura pas de disponibilité pour le grand export, pourtant rémunérateur. Et, pour équilibrer un bilan déjà très serré, les régions déficitaires de l’Union (Espagne, Italie) devront importer environ 1,5 Mt de sucre sur le marché mondial, qui dépasse les 500 $/t. Cela n’avait pas été vu depuis quatre ans et demi.

Importer du sucre, dans le contexte actuel du fret, se paiera donc au prix fort. Cela se lit sur les derniers chiffres publiés par la Commission : en septembre dernier, l’Espagne a importé presque 90 000 tonnes de sucre à raffiner, à 400 €/t. Si on y ajoute le coût du raffinage, cela signifie qu’elle compte bien écouler son sucre, une fois raffiné, autour de 480-500 €/t sur son marché.

Selon la Commission européenne, cette situation ne permettra pas d’améliorer le niveau de stock de l’Union. Elle estime en effet le stock de fin de campagne au même niveau qu’en début de campagne, soit autour de 1,1 Mt ; c’est deux fois moins que la moyenne sous quota.

Et encore, cette estimation se base sur une utilisation stable des betteraves vers l’éthanol, alors que ce marché est en pleine forme. L’éthanol carburant, même s’il connaît une correction depuis quinze jours, reste toujours supérieur à 75 €/hl sur les échéances de l’été prochain. En France, le syndicat national des producteurs d’alcool agricole (SNPAA) a dévoilé les dernières statistiques d’octobre dernier : avec 53 % de parts de marché sur le mois, l’E10 atteint une part de marché record et la consommation d’E85 augmente de presque 18 % en un an ! De quoi tendre encore le bilan…