En passant à nouveau sous les 10,6 cts/lb le 19 mars der­nier, le sucre brut revient à des niveaux que l’on pensait loin derrière nous … La hausse des cours du début de campagne 2019-2020 est ainsi totalement balayée. Ils n’auront pas résisté à l’effondrement de la monnaie brésilienne. Le 23 mars, il fallait presque 5,1 réaux pour un dollar : c’est 35 % de plus que l’an dernier à la même époque. La chute des cours est donc moins ressen­tie par les Brésiliens, quand ils sont libellés dans leur monnaie.

Par conséquent, la production de sucre du pays est annoncée en hausse : la campagne qui ouvrira dans une semaine verra une por­tion de la canne allouée au sucre en augmentation, au détriment de l’éthanol. Car l’éthanol domestique a perdu presque 20 % en un mois. La cause : un pétrole qui a perdu 60 % de sa valeur depuis le début de l’année et côtoie les 25 $/baril ! Si les Brésiliens allouent ainsi la majorité de leur canne vers la production de sucre, le déficit mondial annoncé pour la campagne 2019-2020 serait bien réduit, limitant la reprise des cours que l’on attend depuis trois ans. C’est du reste l’opinion des spéculateurs, qui sont désormais net-vendeurs, pour la première fois depuis janvier. En Europe, l’effet n’est, pour l’ins­tant, pas mesurable, dans un contexte de confinement dont l’ef­fet sur les activités de transfor­mations de sucre reste à évaluer. Mais la chute de l’éthanol, à nou­veau sous les 54 €/hl, ne présage rien de bon : il ne permet de valo­riser au mieux la betterave qu’au­tour de 22 €/t à 16 °S, hors pulpes. Néanmoins, les stocks européens sont au plus bas depuis dix ans et les semis sont à nouveau annon­cés en baisse, d’environ 2 % en Europe. Cela devrait conduire à une production de sucre autour de 17,5 Mt, qui mènerait à nouveau à une contraction des stocks en fin de campagne.

TIMOTHÉ MASSON, CGB