Trente-cinq dossiers de constructeurs ont été retenus par le jury des « Sima Innovations Awards » (récompenses du Sima pour les innovations, en bon français), parmi lesquels figurent les futurs médaillés dont le nom sera dévoilé le 6 novembre dans le cadre du salon. Les organisateurs du Salon international de la machine agricole – du 6 au 10 novembre à Villepinte, près de Paris – restent fidèles à une tradition née en 1931, qui distingue les techniques et les matériels les plus innovants présentés par leurs concepteurs. Outre le nombre important d’innovations en concours pour ces « Awards », le président du jury, Christian Huyghe, a souligné la part toujours plus conséquente prise par le numérique dans les équipements. Les deux tiers utilisent cette technologie et ses développements à travers des automatismes, des capteurs, des logiciels, des applications, de l’intelligence artificielle et des robots. Il s’avère qu’aujourd’hui les bureaux d’études des constructeurs orientent leurs recherches dans trois directions principales. D’une part, sur la précision du travail et ce qu’elle sous-entend, par exemple, en matière de qualité des récoltes et de maîtrise des coûts. D’autre part, sur les réglages des machines qui impliquent le confort et la sécurité au travail. Ce que d’aucuns nomment la « réduction de la charge mentale » permise à l’agriculteur. Et enfin, sur la transition agro-écologique dont la traduction se situe dans plusieurs évolutions d’équipement sur les machines. Sur ce point, la volonté de répondre à des interrogations d’origine sociétale est manifeste, note le jury du Sima, et les constructeurs ont compris le message. Il s’agit de réduire l’usage des pesticides, et des herbicides en particulier mais aussi de contrôler la fertilisation et d’introduire de la sobriété dans les consommations d’énergie, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et les coûts. La gestion du carbone du sol, perçu comme facteur d’amélioration de la fertilité et du stockage de l’eau, entre également en ligne de compte. Mais pas encore celle de la transition énergétique et de la « décarbonation » de l’agriculture, qui ne devrait pas tarder à émerger dans la liste des préoccupations prioritaires. Selon Christian Huyghe, « de nombreuses entreprises, dans une grande diversité de métiers et de compétences, travaillent sur le sujet ».

Semis : « Speedy » Monosem

Le constructeur de Largeasse (Deux-Sèvres) propose un nouvel élément semeur sur son semoir de précision Valo Terra Ultimate. Il est pourvu d’un convoyeur ASG (Active Seed Guidance) à brosse en mesure d’accompagner la semence tout au long de son parcours vers la terre. La vitesse maximum du semis peut atteindre 18 km/h au lieu de 12 km/h, avec le système à goulotte qui reste disponible et interchangeable avec l’AGS. Il est possible sur une machine de huit rangs de passer de l’un à l’autre dispositif en moins d’une demi-heure, affirme le constructeur. Monosem dote le semoir d’une fertilisation (Ferti Smart) électrique, rang par rang, capable de débiter jusqu’à 450 kg/ha. Un micro-granulateur (Micro Smart) fait partie de l’équipement, offrant quatre voies de localisation et deux trémies indépendantes par élément semeur.

Semis : Väderstad au millimètre

Chez le constructeur suédois, l’unité de calcul s’appelle le millimètre, en particulier pour les petites graines et au-delà, puisque le semoir Proceed s’adresse à beaucoup de cultures – blé, orge, colza, betteraves, pois, maïs, tournesol, pour ne citer que les principales. Vädertad dote la machine d’une version adaptée du système de distribution Power Shoot présent sur ses semoirs Tempo. Pour certaines cultures, la précision du semoir permet de réduire la densité sans affecter le rendement, annonce le constructeur. Avant l’ensemencement, des roues de pré-semis individuelles actionnées hydrauliquement consolident la terre pour que chaque graine soit implantée dans des conditions analogues. Chaque élément semeur bénéficie d’un entraînement hydraulique et, via le système E-Control de Väderstad, d’un contrôle sur une tablette des fonctions essentielles de la machine : coupure de rang, variation de densité, jalonnage dynamique, étalonnage, précision du semis.

Désherbage mécanique : l’EC-Weeder bine dans les pentes

Après le jury des « Awards » auquel le dossier de l’ EC-Weeder a été présenté, les visiteurs du stand de Lemken auront la primeur des dernières évolutions de la bineuse. Le constructeur allemand d’Alpen (Rhénanie) veut jouer la surprise, affirme-t-il, à propos d’un outil sur lequel a été installé un automatisme de compensation de dévers lui permettant de biner dans une pente, sans risque de dérive vers sa partie basse. Lemken précise que le système mis au point est encore à l’état de prototype, mais que l’objectif demeure une mise sur le marché en 2024. D’ici là, l’EC-Weeder est, depuis cette année, disponible dans une version IA (intelligence artificielle) dans une largeur de travail de 3 m pour les betteraves. Elle lui permet de reconnaître les plantes et de distinguer les cultures des mauvaises herbes grâce à un algorithme basé sur le « deep learning », une méthode d’identification des betteraves basée sur la couleur, la texture, la forme, la taille et la position des feuilles.

Électronique embarquée : le bon scénario pour l’épandeur

Amazone intègre dans son terminal Amatron 4 un logiciel (Scenario Control) qui automatise l’échange de données et de géoréférencement sur les épandeurs d’engrais. Le système permet, par exemple, à la machine qui effectue le second et le troisième apport de bénéficier automatiquement des réglages de celle qui a réalisé le premier passage. Si le mode « bordure » est programmé, il demeure activé d’un apport à l’autre sans nécessité de le préciser à nouveau. En mode « bordure », l’épandeur utilise l’aube auxiliaire, plus petite que l’aube principale, de façon à éviter la projection de l’engrais hors du champ. Le logiciel tient compte du géoréférencement des épandages – enregistrement des réglages de la distribution de l’engrais en fonction de la position de la machine dans la parcelle, et donc de la nature du sol et de ses besoins. Le constructeur allemand affirme que l’automatisation des procédures accroît la précision du travail et a des répercussions économiques et écologiques positives pour l’exploitation agricole. Il évite les pertes de temps et les éventuelles erreurs de manipulation. Il s’agit aussi d’un facteur de non-stress et de confort pour l’agriculteur qui pilote la machine.

Pulvérisation : une application « aide de camp »

Amazone propose une application pour téléphone destinée à assister l’agriculteur dans l’utilisation de son pulvérisateur. My Sprayer sait à peu près tout faire sur la machine. Cet « assistant pratique », selon le constructeur, dispose des check-lists du pulvérisateur. Il aide à son remplissage en fonction des informations transmises (volume, dose de produit, surface). Il contrôle le fonctionnement des buses et peut activer l’automatisme d’ouverture / fermeture des tronçons. L’application signale les erreurs, déclenche les alarmes et affiche les solutions. Elle explique comment rincer la rampe et nettoyer la machine. Amazone précise qu’elle donne même des conseils en vue de son hivernage. Mais l’application ne remplace pas l’ordinateur de bord pour la pulvérisation en plein champ. La solution proposée par le constructeur allemand s’adresse aussi bien aux appareils les plus avancés qu’à ceux plus basiques.