L’an dernier, Olivier Carré, exploitant en agriculture biologique à Dosnon dans l’Aube, a investi dans un robot Farmdroid. « C’était la condition pour pouvoir produire de la betterave bio, indique-t-il. Cette année, j’ai pour objectif de ne réaliser aucun désherbage manuel en complément, car c’est une pratique très coûteuse pour laquelle il est difficile de trouver de la main d’œuvre disponible ». De son côté, Christel Noizet, agriculteur à Aubérive dans la Marne, cultive 30 hectares de betteraves en système conventionnel. Il s’est équipé de deux robots Farmdroid pour réduire les produits phytosanitaires avec une solution qui lui semble « techniquement intéressante ».

Deux systèmes de production

En 2022, année particulièrement sèche, le robot Farmdroid a fait ses preuves. Cette année, la pluie est venue perturber l’organisation des semis. Résultat : ceux-ci ont été retardés ou se sont étalés sur une période plus longue décalant le premier binage du robot. « Ces conditions pluvieuses ont conforté les préconisations d’utilisation, à savoir un robot pour 20 hectares de betteraves au maximum, rappelle Gautier Cuif, responsable commercial chez Agriviti. Cette surface est habituellement semée sur une période continue de 5 à 6 jours, à une vitesse d’avancement de 720 à 750 mètres par heure ».

Olivier Carré a semé ses 20 hectares de betteraves le 20 avril. « En bio, il faut savoir être patient et décaler la date de semis pour que les betteraves lèvent vite et concurrencent les adventices, explique-t-il. Le débit de chantier est assez lent, c’est pourquoi le sol doit être suffisamment sec et ressuyé en surface pour pouvoir semer de nuit et augmenter l’amplitude de travail ». Christel Noizet confirme ces propos et précise que pour limiter l’intervalle entre deux passages, il faut que le robot travaille 24 h/24, avec une indispensable surveillance de nuit. « Lors de la création de la parcelle, le robot programme la position GPS de chaque graine, rappelle-t-il. Il convient donc de veiller à ce que les roues de terrage ne se bloquent pas pour éviter le décalage de la graine, ce qui aurait pour conséquence sa destruction soit par le recouvrement soit par le binage ». L’agriculteur marnais a équipé les roues de jauge d’un diamètre plus grand et d’un caoutchouc plus souple. « Ainsi, la profondeur de semis est plus régulière, indique-t-il. Cette précision, combinée à un binage sans couteaux, limite le risque de raccrocher des betteraves germées lors de la première intervention ».

Biner tôt pour désherber mieux

« Cette année, je n’ai pas pu biner dans la foulée du semis, explique Olivier Carré. Dans les premiers rangs semés, les adventices dépassaient déjà le stade fil blanc, le plus facile à détruire ». L’installation d’une période sèche a été salutaire, puisqu’elle a limité ensuite les relevées d’adventices. Une aubaine pour l’agriculteur aubois qui n’envisageait aucune intervention manuelle (30 h/ha en 2022) pour compléter le désherbage mécanique effectué par le robot. « Selon la préparation de sol et les attentes des agriculteurs, il faut en moyenne 150 h/ha de désherbage manuel sans robot, indique Gautier Cuif. Avec le Farmdroid, ce temps de main d’œuvre représente entre 0 et 15 h/ha. Tout dépend de l’historique de la parcelle ».

Dans sa parcelle de 20 hectares, Christel Noizet, pris par la pluie, a dû décaler la date du premier binage. « Le robot n’ayant pas pu travailler 24 h/24, j’ai craint pour le nettoyage de ma parcelle, confie-t-il. Finalement, grâce au temps sec, il a très bien rattrapé le désherbage ». Sur la parcelle de 10 hectares, le robot a pu biner plus tôt et passer six fois. Comme Christel Noizet ne voyait pas d’herbes, il a arrêté le robot durant 8 à 10 jours puis l’a remis en route ensuite. Résultat : la parcelle s’est ressalie. « Il faut que le robot travaille non stop pour obtenir un résultat de désherbage satisfaisant », conclut-il.

Une rentabilité économique à confirmer

Le plan de relance France Agrimer soutient l’investissement du robot Farmdroid, dont le coût s’élève à 100 000 €, et accorde une subvention de 40 % par dossier (dans la limite de 50 000 € d’investissement). Olivier Carré a prévu un amortissement sur 10 ans à raison de 500 €/ha. De son côté, Christel Noizet espère rentabiliser ses deux robots d’ici sept à huit ans. « Il est encore trop tôt pour dire si c’est un investissement économiquement rentable, convient l’agriculteur. J’attends encore deux années d’utilisation avant de voir si mes calculs se confirment. En attendant, je suis agréablement surpris du travail effectué par le robot, même s’il reste quelques adventices au pied de la betterave. Il faut l’accepter ». Un avis partagé par Olivier Carré.

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Semer du colza pour amortir le robot

En 2022, Christel Noizet a utilisé le robot FD pour semer ses colzas. « Contrairement aux graines de betteraves, les graines de colza ne sont pas calibrées et sont très petites. Il faut les tamiser pour que le lot soit homogène. Le Farmdroid dispose d’un disque mécanique qui place la graine tous les 6 à 6,5 cm. Même si le semis est précis, je n’ai pas désherbé la parcelle avec le robot car il faut de la technicité, une bonne préparation de sol sans résidus pour pouvoir gérer les adventices et éviter les problèmes de bourrage ».