L’un des facteurs de variation des cours reste la guerre en Ukraine. Depuis le rejet de l’accord, par la Russie, d’un corridor permettant d’exporter les productions via des navires sur la mer Noire, la bataille s’est élargie à cette zone.La Russie bombarde les installations portuaires et les silos de grains sur le Danube et dans le port d’Odessa, dans le but d’empêcher l’Ukraine d’exporter ses grains. Deux paquebots chargés en Ukraine ont tout de même rejoint la Turquie et l’Égypte, et le pays accroît ses exportations via la Roumanie (60 % du transit par voie terrestre) et la Bulgarie.

Cette réussite crée aussi des tensions avec la Pologne, la Hongrie et la Slovaquie, confrontées à une concurrence déloyale, et qui ont fermé leurs frontières. Il est vrai que la totalité de la production ukrainienne est destinée à l’export, soit 17 Mt de graines de tournesol, 4 Mt de colza et 4 Mt de soja. Ce volume gigantesque perturbe l’équilibre européen. D’autant qu’en trois semaines, les prix de la graine de tournesol en Ukraine ont chuté de 26 %, le soja de 30 %, le colza restant solide avec – 3,5 %.

Les cours européens sont impactés. La graine de tournesol est ainsi tombée à 400 €/t rendue dans le port de Saint-Nazaire. Les cours du colza glissent sous la barre des 440 € sur le marché physique Fob Moselle. Sur les marchés à terme, les deux prochaines échéances restent positives, mais les échéances de 2024 décrochent. Et c’est bien l’Ukraine qui sera le facteur d’équilibre des cours, car le pays a beaucoup de stock, et souhaite transformer ses graines en huile et en tourteau pour réduire les volumes à exporter, tout en gagnant en valeur ajoutée.

Il y a bien sûr d’autres facteurs de variation des cours, qui sont haussiers cette fois. Le baril de pétrole flambe à nouveau, ce qui soutient les cours des biocarburants. L’euro est également à la peine vis-à-vis du dollar, ce qui est bon pour les exportations. Les productions australienne et canadienne sont en recul sensible par rapport aux récoltes de l’an dernier, ce qui protège aussi l’Europe. Pour autant, le cours du canola coté à Winnipeg au Canada est aussi en retrait, en raison de stocks importants et d’une chute de la trituration sur le marché domestique.

La tendance est baissière aussi pour le soja. Alors que les prix étaient stables depuis un an autour de 500 $ la tonne pour la graine de soja cotée à Chicago, ils viennent de chuter dans la semaine à 477 $/t, ce qui est le plus bas de l’année. Il faut dire que la production mondiale n’a jamais été aussi élevée (660 Mt) alors que les exportations sont plutôt à la baisse.

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