D’une manière générale, après l’observation et l’identification de la flore adventice de la parcelle, il faut s’assurer de conditions humides pour le traitement de pré-levée, avec une pluie de 10 mm après traitement. Les pré-levées manquent d’efficacité sans précipitations suffisantes, même si le sol est frais au moment du traitement. Pour les traitements chimiques, il est nécessaire d’associer plusieurs molécules, avec 3 à 4 matières actives pour obtenir un spectre d’efficacité complet.

De bons résultats en pré-levée et buttage

L’association désherbage chimique de pré-levée localisé et buttage tardif semble une voie intéressante. À Villers-Saint Christophe (Aisne), un essai de buttage tardif après la plantation a donné de très bons résultats en désherbage, pour la deuxième année consécutive. Reste à confirmer ces bons résultats.

Autre possibilité en cas de sécheresse et sur sol ressuyé, passer la herse étrille après la levée de la culture (stade 3 feuilles des adventices). Puis, un buttage positionné juste au moment où la pomme de terre pointe en post-levée (pommes de terre à 15 cm) permet de reformer la butte et désherber l’inter-rang.

Des restrictions réglementaires pour les désherbants

La diminution des solutions chimiques continue pour le désherbage des pommes de terre, regrette Cyril Hannon. Première restriction, applicable depuis le 1er novembre 2023, les nouvelles conditions d’emploi pour les spécialités contenant du prosulfocarbe. La dose homologuée est réduite à 3 l/ha en pommes de terre.

De plus, la DSPPR (Distances de sécurité pour la protection des riverains) est de 20 m. Elle peut être réduite à 10 m avec l’utilisation de buses homologuées réduisant la dérive de 90 %.

En dessous de 500 m, les traitements ne sont pas autorisés tant que les plantes non-cibles ne sont pas récoltées. Entre 500 m et 1 km, il faut attendre si possible, sinon traiter avant 9 heures ou après 18 heures « Il faut respecter ces réglementations au risque de perdre la molécule », alerte le spécialiste.

Autre difficulté, la métribuzine ne sera plus autorisée à la vente début 2025 et les fins d’usage arriveront dès 2025. « Or, ces deux molécules (métribuzine et prosulfocarbe) sont la base du désherbage pommes de terre depuis des années », reconnait l’expert.

La société Albaugh propose de la clomazone (360 g/l) avec ses spécialités Produre, Lutel et Ablezo, homologuées à 0,25 l/ha en pré-levée. Elle détient aussi, en 2024, l’homologation de Lutece (Aclonifène 600 à 4 l/ha). Cette spécialité ne s’applique pas sur la variété Monalisa en terres crayeuses. (Il faut réduire la dose à 0,15 l/ha sur sols sableux et légers).

Moins d’IFT avec le broyage mécanique et l’emploi d’acides gras

Pour diminuer les indicateurs de fréquence de traitements (IFT) du défanage, Arvalis préconise soit d’associer le broyage à la chimie, soit de combiner les acides gras aux autres molécules lors du défanage.

Dans le premier cas, un broyage des tiges reste une solution efficace en conditions ensoleillées et séchantes. Il peut être suivi par un passage d’acide gras dans les 24 à 48 heures qui suivent, si nécessaire. Attention, alerte François Ghigonis d’Arvalis, il faut être vigilant quant aux conditions de traitement. L’efficacité des acides gras est plus dépendante des conditions environnementales, au moment du traitement et dans les 10 jours suivants, que celle des molécules de synthèse.

L’autre possibilité est de combiner les acides gras aux autres molécules chimiques pour réduire l’IFT. En T1, l’acide gras permet une destruction rapide du feuillage en conditions ensoleillées. Puis en T2, un traitement carfentrazone-éthyle ou pyraflufène-éthyle aura une action davantage ciblée sur les tiges.