Agriculteur à Marquivillers dans la Somme, Mikael Deceunynck cultive 10 hectares de betteraves. En 2024, il a expérimenté la solution produite par Agriodor pour lutter contre les pucerons vecteurs de la jaunisse. « J’ai épandu les granulés biodégradables avec mon distributeur anti-limaces en deux passages à raison de 4 kg/ha chacun, explique-t-il. J’ai effectué la première application au stade cotylédon étalé des betteraves, puis la seconde trois semaines plus tard ». Dans les essais, plusieurs modalités ont été étudiées : avec un ou deux passages d’insecticide et avec ou sans les granulés de biocontrôle. Résultat : selon les comptages effectués par Agriodor, le produit aurait fait baisser la population de pucerons de 38 % à 51 %. 2024 a cependant été une année à faible pression pucerons, ce qui rend l’essai moins significatif. À noter aussi qu’une des micro-parcelles était en bordure de haie et était plus infestée que les autres.

Pour 2025, l’agriculteur poursuit l’expérimentation mais cette fois-ci en appliquant le produit en une seule fois, soit 4 kg/ha. L’épandage a eu lieu le 30 avril à l’apparition des premiers pucerons noirs et sur des betteraves au stade quatre feuilles. Pour l’agriculteur, cette solution sans IFT permet de décaler la première intervention insecticide, voire de la supprimer. « En revanche, le prix représente encore un frein à son utilisation », souligne-t-il.

120 jours de dérogation

Le produit d’Agriodor a désormais un nom : Insior GrA. Depuis le 1er avril, il bénéficie d’une dérogation de 120 jours. Commercialisée en France par Syngenta, cette solution est composée de molécules identiques à celles naturellement émises par les plantes. En 2024, 5 400 hectares ont été testés à titre expérimental en France et en Europe. « À travers cette solution innovante, nous cherchons à faire perdurer les insecticides homologués pour cet usage et à améliorer l’efficacité des itinéraires techniques actuels », précise Guillaume Millon, responsable du développement commercial chez Agriodor. « Si l’efficacité est confirmée, cette solution, au même titre que les autres pistes de lutte alternative, fera partie des leviers à combiner pour assurer une protection plus durable contre ce ravageur », précise Quentin Tilloy, responsable agronomique chez Cristal Union.

Quid du binage ?

Lors d’un tour de plaine organisé par le Geda de Bazancourt dans la Marne, plusieurs agriculteurs se sont interrogés sur l’efficacité de la solution Agriodor si le granulé venait à être recouvert de terre en cas de binage. Ces situations concernent principalement les parcelles désherbées en localisé qui nécessitent des interventions mécaniques fréquentes et régulières. À ce jour, seul un épandage sur le rang serait la solution.