Les stratégies de désherbage combiné

En conduite conventionnelle, créer un décalage de végétation entre betteraves et adventices

Le désherbage mixte constitue une alternative au tout chimique, avec l’introduction du désherbage mécanique dans un itinéraire technique conventionnel. Les traitements chimiques en plein ou localisés créent un décalage de stades entre les betteraves et les adventices, permettant aux outils mécaniques de ne pas être destructeurs pour la betterave et d’avoir le bon compromis entre efficacité et sélectivité. Le désherbage mécanique s’effectue entre les stades 4 feuilles et 10-12 feuilles de la betterave selon les outils, avec une efficacité accrue lorsqu’il est adapté au stade de développement des adventices (stade fils blancs, cotylédons). Les outils utilisés (bineuse avec ou sans moulinets, herse étrille à réglage par ressorts, roto-étrille, houe rotative) déracinent les adventices et les exposent à la dessication. L’utilisation de ces matériels réduit l’Indice de fréquence de traitements phytosanitaires (IFT) jusqu’à 60 %. La combinaison d’outils mécaniques et de la chimie augmente les coûts de désherbage, mais l’amortissement de ces technologies se raisonne aussi sur d’autres cultures (céréales et légumes de plein champ notamment).

En conduite biologique, le désherbage des adventices est un enjeu majeur

En conduite biologique, le désherbage des adventices se fait uniquement en désherbage mécanique. Effectuer seulement un désherbage mécanique implique d’avoir des conditions favorables et que les interventions soient effectuées au bon moment de l’itinéraire technique. L’association de plusieurs matériels, qui interviennent à différents stades de développement de la betterave, permet un désherbage optimal. Le désherbage nécessite, par exemple, un ou plusieurs faux semis, suivi d’un passage de herse étrille avant le semis, pour limiter l’infestation initiale (épuisement du stock semencier adventices). Puis, un passage de herse étrille à l’aveugle (post-semis prélevée) peut se révéler efficace et sélectif, mais exige un sol bien nivelé et rappuyé. Enfin, un premier passage de herse étrille ou roto-étrille, suivi de plusieurs interventions à la bineuse dans le rang et l’inter-rang sont nécessaires. Un réglage précis des outils est essentiel afin de s’adapter au stade de la culture de betteraves et de détruire un maximum d’adventices.

Intégrer des solutions robotiques dans son ITK

La robotique progresse en culture de betteraves, avec des robots autonomes pour le semis et le binage, et des solutions robotisées pour la pulvérisation ciblée, attelées au tracteur. Certains robots utilisent l’intelligence artificielle pour reconnaître et cibler les adventices afin d’effectuer un désherbage mécanique ou une pulvérisation ciblée. Ces technologies sont développées dans le but d’améliorer la précision des interventions, permettant également de pallier le manque de main-d’œuvre. Même si les largeurs des outils actuels sont limitées, leur légèreté respecte la structure du sol. Ils assurent un travail précis sur le rang et l’inter-rang alors qu’un désherbage mécanique du rang est plus compliqué avec des outils traditionnels. Cependant, le débit de chantier de ces robots reste faible. Leur coût d’acquisition est élevé, lié aux technologies embarquées et aux coûts de recherche et développement, mais il peut être compensé par la réduction de l’utilisation d’herbicides et de main-d’œuvre.

La localisation de l’herbicide sur le rang pour réduire l’IFT

Cette technique d’application d’herbicides (et d’insecticides) permet d’appliquer le produit uniquement sur le rang de betterave. Combinée à un binage de l’inter-rang, cette méthode permet de réduire l’IFT désherbage de 50 % à 66 %. Il existe différents types de pulvérisateurs capables de réaliser de la localisation. Tout d’abord, les rampes de localisation arrières ou frontales qui peuvent localiser sur des écartements de 45 cm et 50 cm. Le guidage est assuré par une roue de traçage (1 roue pour 12 rangs) de manière à positionner la buse exactement au-dessus du rang de betteraves. Certains pulvérisateurs plus traditionnels peuvent également localiser l’herbicide sur le rang. Il peut s’agir soit d’une machine rééquipée avec des buses permettant d’orienter le jet sur le rang (Buses Terelok), soit de pulvérisateurs équipés d’usine de buses spécifiques et d’option de localisation sur le rang (possible aussi en 45 cm et 50 cm d’écartement). Pour assurer la précision de l’application, des technologies de stabilisation de la rampe et un semis préalable avec GPS RTK sont primordiales.

Le ciblage de l’herbicide envisageable dans les derniers traitements

En plus de la pulvérisation localisée, une alternative à la pulvérisation en plein existe aujourd’hui : la pulvérisation ciblée, qui consiste à pulvériser uniquement sur des adventices détectées par un dispositif de reconnaissance sur la rampe (il ne s’agit pas ici de pulvérisation ultra-localisée, proposée sur des robots). Cette technologie peut être utilisée pour cibler une adventice précise (par exemple les chardons), ou peut concerner toutes les adventices de la parcelle. Il faut cependant que les adventices aient atteint un certain stade de développement pour être reconnues par l’appareil de détection sur la rampe. Le nombre d’organes de détection, de buses et leur espacement déterminera la précision de la détection et de l’application. Pour les premiers traitements, les adventices étant trop peu développées et parfois abondantes, le ciblage ne présente que peu d’intérêt surtout que les betteraves aux stades jeunes (cotylédons/ 2 feuilles) pourront être confondues avec des mauvaises herbes. Cette technologie peut présenter un intérêt à partir du T3 dans une optique de réduction de l’IFT.