Dans une région où l’irrigation n’était pas la norme, la gestion de l’eau devient un enjeu central. Chaque hiver, des centaines de millions de mètres cubes d’eau douce sont perdues. Une aberration, alors que cette ressource pourrait être utilisée lors des périodes sèches pour irriguer. « On en vient à rejeter de l’eau douce dans la mer, alors qu’on en aurait besoin en ce moment. Il aurait fallu pouvoir la stocker », se désole Guillaume Wullens, président de la CGB Nord-Pas-de-Calais.
« L’eau c’est un sujet qu’on ne connaissait pas dans le Nord-Pas-de-Calais », reconnaît Emmanuel Pigeon, directeur de la CGB Nord-Pas-de-Calais, « avant la betterave n’avait pas besoin d’irrigation, mais c’est un sujet qui monte en puissance, et pour pérenniser il va falloir trouver des solutions ». En effet, les excès et les manques d’eau se multiplient, et les équilibres sont alors bousculés.
La betterave au milieu du gué
« Protéger les betteraves : innovations, recherches et solution », c’était le thème de la table ronde de cette assemblée annuelle, avec trois intervenants : Alexis Hache président de l’ITB, Séverine Janneau, responsable relation filières et développement durable chez Corteva et Nicolas Rialland, directeur général de la CGB. Tous déplorent la disparition de 30 molécules en 7 ans.
Pourtant Guillaume Wullens insiste : « les agriculteurs ne sont pas prêts à faire n’importe quoi. Ce sont eux les premiers exposés. Ils sont conscients des enjeux environnementaux et de santé. » Mais un nouveau produit sur le marché, ce n’est pas immédiat. Séverine Janneau explique que « chez Corteva, on investit 4 millions par jour pour les phytos et les semences. Mais pour un nouveau produit, entre la découverte de la molécule et la mise sur le marché, c’est 15 ans. »
En effet, rien ne sort sans validation réglementaire. L’Anses, l’agence française en charge des autorisations de mise sur le marché, applique une interprétation stricte des règles, qui aboutit régulièrement à des refus de substances pourtant évaluées favorablement au niveau européen, créant ainsi « des distorsions de concurrence entre États membres », souligne Nicolas Rialland. « Quand on a des alternatives, on nous empêche de les utiliser », s’étonne Séverine Janneau.
La PPL « Contraintes » qui est en débat à l’Assemblée mobilise pleinement la CGB depuis maintenant des semaines a rappelé Nicolas Rialland. À Paris, comme dans les délégations régionales, les rencontres parlementaires se multiplient pour expliquer encore et toujours les enjeux liés au retour de l’Acétamipride. « Ce travail de défense des moyens de productions, c’est le cœur de métier de la CGB pour les planteurs et la filière », a souligné Guillaume Wullens.
Et le biocontrôle ? « On teste beaucoup. Certains produits marchent. Mais même si c’est autorisé en Europe, ce ne l’est pas forcément en France. C’est un vide juridique », constate le président de l’ITB. Chez Corteva, on croit à la génétique, aux NGT, et au couplage avec le machinisme. « L’avenir passera par la combinaison de toutes ces solutions », affirme Séverine Janneau. Mais attention, prévient Alexis Hache : « on a besoin d’une solution économiquement, socialement et environnementalement acceptable. »