Que faire quand les parcelles sont infestées d’adventices proches de la floraison ? L’écimage devient une pratique de plus en plus répandue. D’apparence simpliste, une écimeuse nécessite toutefois des réglages précis pour fournir un travail efficace et de qualité.

Ils sont deux : Pierre Maillet et Kervin Golle. Le premier est agriculteur à Sarry, dans la Marne. Le second travaille pour une entreprise de travaux publics. Ensemble, en 2024, ils décident de s’associer pour créer la SARL P&K Agri-services et proposer en prestation l’écimage des flores adventices dans tous les types de cultures. Pour ce faire, ils ont investi 120 000 euros dans une écimeuse récupératrice, la Top Cut Collect de chez Zürn, dont la particularité est de collecter les épis des adventices pour éviter que les graines retombent au sol et poursuivent leur cycle.

Récupérer les graines pour réduire le stock semencier

« Avec la conjoncture de plus en plus oppressante quant à l’usage des herbicides et à l’augmentation des graminées résistantes, les agriculteurs se retrouvent parfois dans des situations d’impasse technique de désherbage, explique Kervin Golle. Le seul recours possible reste alors l’écimage des adventices pour limiter la pression les années suivantes ». Avec leur écimeuse, les deux associés peuvent intervenir sur une période d’utilisation plus large que la version standard sans trémie récupératrice de graines. Ainsi, ils collectent puis exportent les graines d’adventices de la parcelle. Libre ensuite à l’agriculteur de les détruire via la méthanisation, le compostage ou la maturation en bout de champ.

Avec sa machine spécifique, la SARL P&K Agri-services peut intervenir dès que les adventices dépassent la culture, idéalement avant leur maturité. Si elles sont très hautes, elle effectue alors deux passages, le premier pour couper les têtes et le second pour éliminer le reste. « Nous pouvons régler la hauteur de coupe de 20 à 160 cm, ce qui nous permet d’intervenir sur tous les types de cutures : céréales, betteraves, pois, lentilles, carottes, etc. », explique Pierre Maillet. L’écimeuse est équipée d’un rabatteur hélicoïdal et de lamiers qui poussent et appuient la végétation dans les lames pour réaliser une coupe franche. Les graines et les épis, désolidarisés de la tige, sont ensuite dirigés sur un tapis central vers une trémie de 6 m3 de capacité.

La prestation est facturée à l’heure de travail ou à l’hectare. Tout dépend du débit de chantier. Dans les céréales, la vitesse d’avancement peut atteindre 12 à 15 km/h mais peut être réduite à 5 km/h en cas de forte infestation. « Dans ce cas, nous facturons au client la prestation à l’hectare et non à l’heure de travail. Chacun doit y trouver son compte », précisent les deux associés.

Un intérêt particulier en production de semences

Témoignage de Yoann Prud’Homme, service semences Vivescia

« En production de semences fourragères ou céréalières, l’écimage est une solution alternative efficace. Elle permet à l’agriculteur de produire des lots conformes, non pollués, valorisés sans perte financière. En faisant intervenir une écimeuse récupératrice, les graines adventices sont extraites du champ, ce qui réduit les pollutions dans les parcelles les années suivantes. L’avantage en production de semences fourragères, comme le ray-grass anglais, c’est que le vulpin ou le ray-grass sauvage dépassent toujours la culture. L’écimage est donc facilement réalisable. Cette pratique est aussi plus rapide que l’épuration manuelle. Le coût, 70 euros/ha, reste abordable par rapport aux résultats fournis ».