Les taupins font leur retour. Une recrudescence est notée en pommes de terre. Ces insectes déprécient la qualité des tubercules avec leurs perforations, piqûres et galeries creusées. Avec pour conséquences, un nombre croissant de déclassements, de refus de lots et de réclamations, en France et à l’export. Et des répercussions économiques conséquentes. Arvalis mène un programme pour mieux connaître le bio-agresseur et les moyens de lutte.

« Les larves de taupins du genre Agriotes sont nuisibles aux cultures. Elles comprennent plusieurs espèces avec des cycles variables. Celles présentes dans le nord de la France (A. lineatus, A. sputator, A. obscurus) ont plutôt des cycles plus longs (cycle de 4 à 5 ans de vie larvaire dans le sol). Le A. Sordidus, qui vient du sud, a des cycles de 2 ans (de 1 à 3 ans de cycle larvaire). Il se reproduit plus vite », détaille Solène Garson, ingénieure Arvalis.

Le projet multi-partenarial Taupic (2021-2024), auquel participe Arvalis, donne déjà des indications précieuses à valider sur la culture de pommes de terre. Les expérimentations concernent le maïs. La présence d’une prairie adjacente serait un facteur accentuant sensiblement le risque. De même qu’une rotation diversifiée ou un ray-grass en interculture. Si un taux de MO élevé semble aussi favoriser les taupins, la proportion de calcaire et un pH élevés pourraient au contraire diminuer le risque. De même, une proportion importante d’argile le limiterait. Un phénomène identique, mais dans une moindre mesure, est constaté pour la proportion de sable.

Le climat printanier de l’année précédente aurait aussi une influence. Pluvieux, il aurait tendance à diminuer les risques, alors que des températures plus élevées les augmenteraient.

Sur pommes de terre, l’analyse en cours (encore à valider) a déterminé certaines variables où des dégâts plus importants sont notés sur tubercules. Les voici par ordre d’importance. Le nombre de labours sur 5 ans, la durée de la culture, les températures moyennes de l’air de la plantation au défanage, le pH et la matière organique du sol, la durée de la plantation au défanage, puis du défanage à la récolte, le nombre de prairies sur 5 ans.

L’interculture pour éviter les attaques

« L’utilisation du sarrasin comme plante de service pour limiter le risque taupin semble très prometteuse », affirme Solène Garson. Plus de 60 % de mortalité de jeunes larves de taupins sont notés avec cette culture, proche du résultat obtenu en sol nu (75 %).

La moutarde et le radis ont un effet défavorable (25 % de mortalité), mais nettement plus faible que le sarrasin et le sol nu.

Par contre, le ray-grass pourrait augmenter le nombre de larves par rapport à un sol nu. (Le nombre de larves néoformées était plus important après 7 mois sur des sols implantés en ray-grass par rapport au sol nu dans une expérimentation).

Se servir du levier variétal

L’effet variétal semble aussi très important d’après les expérimentations menées au laboratoire. « Au champ, le nombre de tubercules troués va de 25 % à 48 % selon les différentes variétés, constate Solène Garson. La Charlotte, comme la Spunta, arrive à des nuisibilités autour de 30 %. Les dégâts sur Monalisa atteignent presque 50 %. Le taux de sucres réducteurs serait à l’origine de ces différences. Certaines variétés semblent plus appétentes pour ces bio-agresseurs ».

Connaitre l’efficacité des spécialités

Arvalis teste de nombreuses spécialités sur taupins. Si des anciens produits, comme Ethoprophos (échu en 2018) ou le chlorpyriphos-éthyl, (échu aussi), atteignaient des efficacités de 55 et 49 %, les spécialités autorisées en 2022 se situent un peu en dessous (45 % pour le Fosthiazate, 43 % pour le Trika expert), et autour de 30 % pour la plupart des autres spécialités en test aujourd’hui. « Utiliser un ensemble de leviers sera nécessaire pour obtenir une bonne efficacité » conclut l’ingénieure d’Arvalis.