Depuis la mise en place des droits de douane par Donald Trump, les cours des oléagineux restent volatils mais, en Europe, les cours du colza restent sur un plancher assez solide, autour des 500 €/t. Les taxes à l’importation imposées par le président américain pèsent finalement peu. La volatilité tient surtout à la chute de 10 % du dollar face à l’euro, au prix du baril, qui influence celui des huiles pour les biocarburants, en chute à 60 $ contre 80 $, et à l’incertitude sur la demande mondiale.

Malgré tout, le colza a connu un mois d’avril dynamique, culminant à 550 €/t avant de retomber à 499 €/t le 13 mai (FOB Moselle), sur fond de prix du pétrole en berne. Les échéances Euronext jusqu’en 2026 oscillent entre 460 et 490 €/t. Le canola canadien, dont les stocks sont très faibles, a aussi soutenu les prix. À l’inverse, la graine de tournesol a dégringolé de 660 à 570 €/t en deux semaines, elle aussi victime du pétrole, mais sur de faibles volumes.

Du coup, l’Europe des oléagineux tire bien son épingle du jeu. Au niveau météo, pas d’aléas, les cultures évoluent bien. En France, la récolte de colza en juillet 2025 devrait dépasser 4 millions de tonnes (Mt) et l’’Europe 19 Mt, soit 2 Mt de plus qu’en 2024. Les prévisions sont bonnes aussi pour les graines de tournesol en France, avec plus d’1,7 Mt (1,4 Mt en 2024) et 10 Mt en Europe (+ 2 Mt vs 2024). En chiffre d’affaires, le colza approcherait de 2 milliards d’euros en France et 9,5 Mrd€ en Europe, et pour le tournesol, 1,3 Mrd€ et un peu plus de 5 Mrd€ pour l’Europe. Une économie solide !

La situation est plus compliquée pour le soja. Les cours à Chicago sont bloqués sous la barre des 400 $. La guerre commerciale bat son plein avec des taxes énormes. Les États-Unis et la Chine viennent d’ouvrir des négociations en Suisse, mais la Chine a bloqué toute importation américaine de soja depuis janvier. Les producteurs américains implorent un accord commercial, par la voie de leur lobby, l’ASA. La Chine reste un débouché essentiel : l’an dernier, les exportations américaines de soja en Chine se sont élevées à 22 Mt pour une valeur de 13 milliards de dollars, en baisse de 5 %.

L’ASA déplore même une perte de parts de marché en Chine, qui remonte à la première guerre commerciale de 2018. Sur les 105 millions de tonnes de soja que la Chine importe, c’est le Brésil qui rafle la mise avec 74 Mt, soit 71 % du total importé par les Chinois en 2024. On comprend que le président brésilien Lula fasse cause commune contre Donald Trump avec le président Xi Jinping, qui lui achète pour plus de 30 milliards de dollars de graines oléagineuses. La Chine s’est aussi tournée vers l’Argentine pour quelques millions de tonnes, et a contribué, par effet de domino, à soutenir les cours européens.