Agriculteur et éleveur, Marc Delaporte s’est installé en 2002 sur l’exploitation familiale à Tubersent, dans le Pas-de-Calais. « Il n’y avait pas de place pour moi au départ, comme mes parents avaient déjà un salarié », explique l’éleveur. L’espace de vente directe de viandes a été mis en place la même année, pour qu’il puisse s’installer. Le premier point de vente à destination des particuliers s’est créé en 2006, avant l’achat d’un local en 2009, désormais fermé. « Ma femme a arrêté son métier de coiffeuse, pour s’occuper de la vente, en tant que salariée », ajoute-t-il. C’est en 2018 que le bâtiment, où s’exerce la majeure partie de leur activité, a été créé. 500 m2 où s’étendent la boutique À la ferme, un distributeur de produits locaux (laitiers, viandes, fruits et légumes) et la transformation de charcuterie, avec du jambon sec de 18 mois d’affinage. « Ce qui n’est pas courant dans la région », observe l’éleveur. La charcuterie représente aujourd’hui environ 50 % du chiffres d’affaires de l’exploitation, avec 2 500 porcs engraissés chaque année, dont un tiers y est transformé. Côté ferme, l’éleveur cultive avec sa femme 175 hectares comprenant de la betterave, du lin, du colza, de l’orge d’hiver et de printemps, du maïs grain et du blé. « On autoconsomme une bonne partie de nos céréales, avec 25 ha de maïs et 30 ha de blé uniquement pour l’alimentation des porcs », explique Marc Delaporte. Pour ce qui est de la pulpe, le betteravier ne l’utilise plus pour nourrir ses porcs. « Je l’utilisais à l’époque où j’étais naisseur engraisseur pour apporter de la fibre. Mais aujourd’hui, engraisseur simple, il n’y en a plus besoin », indique-t-il. L’ensemble de ces activités lui permettent de multiplier les rôles au sein de son exploitation, de la culture en passant par le management d’une équipe de 5 salariés. « Je peux être le matin au traitement, puis à l’élevage, et après partir en livraison, sans oublier le café du matin à 6 heures avec l’équipe de la transformation », détaille Marc Delaporte.

40 % d’autonomie énergétique

Marc Delaporte considère son métier d’agriculteur comme avantageux, avec une autonomie dans la gestion sans avoir de contraintes d’heures fixes. « On reste maîtres de notre destin, excepté face aux hausses d’énergie », précise-t-il cependant. En janvier 2022, lors de la réception de sa facture d’électricité, l’éleveur a dû trouver des alternatives. « Les tarifs ont augmenté de 300 %, on allait droit dans le mur », raconte-t-il. Les premiers panneaux photovoltaïques installés en 2012 fournissent 37 kWc en revente totale. « Cela nous apporte un revenu à la ferme, et sans main d’œuvre », explique l’agriculteur. Le second, de 37 kWc sur bâtiment, vient d’être mis en route et est utilisé en autoconsommation pour la ferme, sans système d’heures pleines ou creuses. Les deux derniers trackers panneaux solaires ont été installés plus récemment, à usage exclusif pour la boucherie. Chacun à 22 kWc, leur inclinaison automatique pour suivre le soleil leur permet d’être optimisé et de produire 75 kWc. « Nous voulions mettre les panneaux solaires sur le toit, mais il n’avait pas été construit pour supporter ce poids », regrette Marc Delaporte. Les deux trackers sont ainsi disposés à l’arrière de la boucherie. Cette installation datant de 4 mois permettra une autonomie énergétique de 40 % sur l’ensemble du bâtiment, dont 60 % pendant les heures pleines. « Nous avons dû changer nos façons de travailler, notamment en cas de cuissons longues de 10 heures par exemple », ajoute l’agriculteur. Les conditions climatiques doivent également être prises en compte, surtout en cas d’utilisation de gros équipements. Le surplus de production sera revendu (à 6 cts du kilowatt contre 38 cts à l’achat en tarif jaune hph), avec l’espoir de pouvoir un jour stocker l’énergie.