Quelles sont les perspectives de rendement ?

Les projections réalisées par l’UNPT, sur la base de son panel de 250 parcelles, nous donnent, à ce stade, une base récolte en « frais » et « industrie » de 43,6 t/ha. Ce chiffre marque un rattrapage par rapport à la récolte 2022 catastrophique (39 t/ha), mais reste très légèrement en retrait de la moyenne décennale. À noter, une hétérogénéité des rendements. Au sud d’Arras, où les plantations ont été « précoces », les rendements sont plutôt moyens ; et plus au nord, les pommes de terre semblent avoir des résultats plus positifs, alors qu’elles ont été plantées plus tard en mai. Nous avons surtout des interrogations au regard des désordres physiologiques constatés. Cela impactera-t-il la production nette finale ?

Et le mildiou ?

La pression est forte dans certaines régions. Nous avons des interrogations quant aux résistances, mais cela reste à confirmer. Aujourd’hui, le message est qu’il ne faut surtout pas relâcher la protection pour préserver le potentiel de la récolte, quitte à ne pas aller chercher les ultimes tonnes si la situation sanitaire devient trop compliquée.

Quel signal ces perspectives de rendement vont-elles envoyer au marché ?

Je vais être très clair, chaque pomme de terre trouvera son débouché au regard de la demande industrielle toujours très forte et les courants d’exportation, eux aussi, toujours puissants. À l’échelle de la commercialisation 2023-2024, il n’y aura pas trop de pommes de terre sur le marché et les producteurs pourront valoriser leur production avec une stratégie adaptée.

Et que conseillez-vous pour les emblavements 2024 ?

J’insiste sur la nécessité d’agir en collectif : il est nécessaire de s’organiser afin de répondre à cette nouvelle demande, c’est un prérequis indispensable pour conforter l’avenir. Parallèlement, nous devons gagner en compétitivité et avoir une rémunération suffisamment incitative pour que les producteurs plantent l’année prochaine. Nous avons besoin de nouveaux producteurs car ce ne sont pas les producteurs actuels, seuls, qui pourront répondre à la demande croissante du marché. Pour accompagner cette croissance, il faut que les pouvoirs publics ne nous mettent pas des freins qui diminueraient nos outils de production.

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