« La gestion de l’eau mérite bien mieux que des combats idéologiques », a déclaré Benjamin Lammert, le président de la fédération des oléoprotéagineux (Fop), en annonçant l’adhésion du syndicat à l’association des Irriguants de France, à l’occasion de son assemblée générale le 29 novembre dernier. « La planification écologique n’a de sens que si on a la capacité à produire et à irriguer », a précisé Emmanuel Leveugle, un des membres du bureau de la Fop qui « condamne fermement toutes les destructions actuelles » des réserves de substitution. C’est aussi ce que pense Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, qui a estimé que le stockage de l’eau était « une mesure de bon sens ». Parallèlement, la Fop a indiqué travailler avec Terres Inovia et les semenciers pour avancer vers des variétés, des pratiques et des itinéraires techniques plus économes en eau.

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Les biocarburants appelés à se développer

Autre sujet à l’ordre du jour de la filière des oléoprotéagineux : le développement des biocarburants. Dans l’aviation d’abord, où la décarbonation passerait entre autres, par le développement d’intercultures oléagineuses à cycle court, à l’image de l’expérimentation menée récemment sur la cameline par le groupe Avril. Pour cela, la Fop demande un éclaircissement réglementaire, notamment via la publication au niveau européen des matières premières éligibles à la production.

Dans le machinisme agricole ensuite, où les biocarburants pourraient permettre de répondre au relèvement progressif du tarif du gazole non-routier (GNR). « La filière est volontaire pour ouvrir les chantiers réglementaires et fiscaux qui s’imposent », a déclaré le président de la Fop en restant prudent sur l’impact au niveau de la rentabilité des fermes.

Benjamin Lammert a aussi dénoncé les récentes importations massives d’huiles usagées en provenance d’Asie, qui exerce une concurrence déloyale. « Ces huiles sont le faux-nez du palme, et le vrai visage de la fraude », a-t-il déclaré en demandant au ministère de l’agriculture de mobiliser la Commission européenne afin « qu’elle instruise dans les meilleurs délais une plainte pour fraude ».

Azote et phyto : les demandes de la filière

La filière a récemment obtenu une dérogation pour apporter un peu d’azote à l’automne sur colza, afin d’obtenir des plantes plus robustes, c’est-à-dire suffisamment développées avant l’hiver pour résister aux ravageurs. Benjamin Lammert a précisé être vigilant à ce que la dérogation soit maintenant appliquée concrètement par les préfets de régions.

Enfin, Gilles Robillard, le président de Terres Inovia, s’est montré très réservé sur l’avancement du plan stratégique sur les retraits des substances actives et la recherche d’alternatives (Parsara), annoncé par la Première ministre en février dernier, lors du salon de l’agriculture. Ce dispositif vise à anticiper le retrait possible de 75 molécules utilisées en agriculture afin d’éviter des impasses techniques. Des objectifs « louables ». Mais Gilles Robillard précise ne pas partager « l’approche et la méthode de la construction du plan ». Pour lui, l’État fait preuve d’une volonté d’agir au pas de charge, alors que les alternatives n’existent pas. Il déplore l’absence de dynamique collective « puisque ni les producteurs, ni les firmes ne sont associés,». Bref, « il n’y a pas suffisamment d’écoute de l’administration vis-à-vis de la profession agricole », a-t-il déclaré en appelant de ses vœux une démarche de co-construction. Par ailleurs, il précise que « le financement du plan d’anticipation des retraits de substances actives pose encore beaucoup de questions ».

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