Geoffroy Oudoire, ingénieur R&D chez Arvalis, a comparé la compétitivité de l’orge en sortie champ dans huit départements entre 2017 et 2021, à partir des données de l’Observatoire Arvalis-Unigrains (Cerfrance).

En orge de printemps (tous débouchés), les charges complètes* à l’hectare varient fortement en fonction des zones : de 1 000 €/ha dans la Meuse à plus de 1 300 €/ha dans la Somme.

Ramenés à la tonne, les écarts de coût de production complet** sont moindres (de 190 à 220 €/t), ce qui témoigne d’une cohérence entre des zones à fort potentiel et des charges élevées (Somme, Aisne, Aube) et des zones à rendements avec des charges plus modestes (Meuse, Yonne, Côte-d’Or). Les cas de l’Aisne (1290 €/ha, 6,6 t/ha), l’Aube (1230 €/ha, 6.4 t/ha) et de la Meuse (1000 €/ha, 5,2 t/ha) illustrent la possibilité d’atteindre un même coût de production (entre 190 et 200 €/t) par des voies différentes.

Prix d’intérêt : jusqu’à 36 €/t d’écart entre département

L’analyse des prix d’intérêt*** complet laisse apparaître une hétérogénéité de la compétitivité sortie champ entre bassins, l’écart pouvant atteindre 36 €/t (de 152 €/t dans l’Aube à 188 €/t en Charente). De plus, les fluctuations du prix d’intérêt se retrouvent entre les différentes zones de production comme entre les différentes années. Ainsi, sur la période 2017-2021, l’écart entre le minimum et le maximum atteint 25 €/t dans la Meuse et 97 €/t dans l’Yonne. Dans le second cas, une telle variabilité exige une agilité importante de l’agriculteur pour gérer les risques.

Entre les plus performants (coût de production les plus faibles) et la médiane, l’écart moyen de coût de production est de 52 €/t dont 28 €/t uniquement sur les postes de mécanisation ainsi que de main d’œuvre et 14 €/t pour les charges opérationnelles (engrais, semences, produits phytosanitaires).

La comparaison du prix d’intérêt complet avec le prix de vente démontre la rentabilité de l’orge de printemps dans certains bassins. En effet, cinq années sur six, les exploitations de l’Aisne, de l’Aube et de la Meuse vendent leur orge de printemps au-dessus de leur prix d’intérêt (+12 à +23 €/t). La Somme y parvient quatre années sur six (+10 €/t), la Côte-d’Or deux années sur trois (+11 €/t).

Tendances similaires en orge d’hiver

Une étude similaire a été menée sur les orges d’hiver (tous débouchés, 11 départements). Ces cultures présentent des charges plus élevées dans l’ensemble (jusqu’à 1 630 €/ha dans le Pas-de-Calais, 1 540 €/ha dans la Somme). « Toutefois, les écarts de coûts de production entre les 20 % meilleures exploitations et la médiane atteignent 46 €/t en orge d’hiver, un niveau proche du printemps », note Geoffroy Oudoire. Les rendements plus élevés aboutissent à une fourchette de prix d’intérêt moyen 2017-2021, également voisine de celle obtenue en orge de printemps.

Enfin, à l’échelle nationale, entre 2022 et 2024, la situation économique a beaucoup fluctué. En 2022, la hausse des prix de vente a compensé celle des charges. En 2023, malgré la baisse des prix, de bons rendements ont permis d’amortir une nouvelle hausse des coûts. En 2024, les charges reculent. Pour l’orge de printemps, le prix d’intérêt reste élevé et stable sur l’ensemble de la période. En revanche, concernant l’orge d’hiver, la chute marquée des rendements a provoqué une nouvelle hausse du prix d’intérêt, accentuant la pression économique.

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*Toutes les charges, y compris main d’œuvre familiale

**Coût de production (€/t) : ensemble des dépenses et facteurs de production.

***Prix d’intérêt : prix minimal pour rémunérer tous les facteurs de production (coût de production moins les aides)