Le lin fibre d’hiver se sème de fin septembre à mi-octobre et s’arrache en juin, soit environ un mois plus tôt que le lin de printemps. Ce décalage n’est pas anodin : « l’intérêt, c’est d’esquiver le stress thermique et hydrique de fin de cycle et d’assurer une implantation solide avant l’hiver », a rappelé Cynthia Torrecillas, ingénieure régionale chez Arvalis.

Des semis à soigner

La réussite passe par une préparation de sol soignée et des conditions de semis favorables : terre ressuyée sur 40 cm, pluies à éviter dans les 48 heures, densité visée de 1 600 pieds levés par m². La gestion des pailles du précédent est aussi déterminante pour ne pas freiner la levée.

Autre enjeu : contenir la croissance automnale pour limiter le risque de gel. « Quand on a des conditions météorologiques assez douces, la croissance peut être très forte et rendre la culture davantage vulnérable au gel », ajoute Cynthia Torrecillas. Pour Arvalis, « il faut viser un lin de 5 à 10 cm avant l’hiver ». Trop petit, il souffre du froid ; trop grand, les cellules turgescentes sont plus sensibles au gel.

Variétés et fertilisation : trouver le bon équilibre

Les choix variétaux sont encore en phase d’affinement, mais certains profils se dégagent. Lors de l’hiver 2024, marqué par un gel brutal, toutes les variétés ont souffert, « mais certaines différences de sensibilité ont été observées ». Les essais placent Jade et Dune parmi les plus tolérantes, tandis que Tundra, Cirrus et Hibern se sont révélées plus sensibles.

Côté fertilisation, la méthode du bilan reste la référence, avec un besoin estimé à 12 unités d’azote par tonne de lin non battu. Les plafonds varient selon les régions : 60 unités en Normandie, 80 en Seine-et-Marne. Les ingénieurs d’Arvalis conseillent de raisonner au plus juste et de tenir compte des reliquats disponibles dans les 0–60 cm de sol.