Les oléagineux bouclent l’année sur des notes plutôt satisfaisantes. Les cours de la graine de colza se stabilisent au-dessus de 480 € la tonne, un peu affectés par la baisse des cours du pétrole. Sur le marché Fob Moselle, le prix s’affiche à 489 €/t le 2 décembre, et à 485 €/t rendu à Rouen. Sur Euronext, les acheteurs à terme sont plus frileux : l’échéance de février 2026 indique 479 €/t, celle de mai à 474 €/t, et celle d’août (nouvelle récolte) à 460 €/t ! Mais les échéances lointaines peuvent faire preuve de volatilité. Pour l’instant, le marché est plutôt serein.
La récolte de colza a même été rehaussée du fait d’un meilleur rendement à l’hectare (36,7 quintaux/ha) à 4,6 Mt en 2025, soit 17 % de hausse par rapport à la récolte précédente, ouvrant potentiellement un courant d’affaires de 2,2 milliards d’euros pour les producteurs. Du côté du tournesol, les chiffres sont moins porteurs en volume : la collecte de tournesol approcherait les 1,5 Mt en 2025, soit un maintien de la production française au niveau de 2024, malgré l’érosion des surfaces cultivées (- 9 %). En revanche, les prix grimpent en flèche, à 638 €/t le 2 décembre.
Pour une part, la hausse des cours vient de la faiblesse des récoltes d’oléagineux en Ukraine. La récolte de tournesol atteint 9,02 Mt sur 4,8 Mha, quand elle était de 16 Mt avant la guerre et encore de 13 Mt l’an dernier. La guerre et les conditions climatiques ont sabré le potentiel. Les prix de la graine de tournesol devraient donc rester élevés. L’Ukraine a aussi produit 4,74 Mt de soja sur 2 Mha – soit 10 fois plus qu’en France – et 3,32 Mt de colza sur 1,26 Mha. Le marché de la graine de soja surfe aussi sur une dynamique haussière, les cours à Chicago restant au-dessus du seuil 400 $/t depuis l’accord entre les États-Unis et la Chine en novembre. On ne sait pas si le chiffre de 12 Mt d’achats de graines de soja sur la campagne en cours sera tenu par les Chinois, mais une commande de 312 000 tonnes de l’empire du milieu vient d’animer les marchés. En revanche, il faudra aussi suivre l’évolution des exportations du Brésil, qui avaient beaucoup bénéficié de la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, et qui pourraient faire les frais de la détente.
Selon le département américain de l’Agriculture (USDA), la demande mondiale d’oléagineux reste sous tension. Pour une production de 688 Mt de soja, colza, tournesol et autres, en baisse de 3 Mt, la demande se profilerait à 691 Mt sur la campagne, soit un léger déséquilibre qui est scruté de près par les analystes. La demande est soutenue à la fois par l’alimentation animale et humaine et les biocarburants, qui mêlent enjeux écologiques et souveraineté énergétique. Les producteurs américains de soja viennent même d’écrire au président Trump pour réclamer des mesures favorables aux carburants verts…





