La veille, pour contrer les milliers d’amendements déposés par les opposants au texte, les députés votaient la motion de rejet de la proposition de loi « Contraintes au métier d’agriculteurs ». « Cette loi doit rendre possible l’utilisation de l’acétamipride en France, comme cela est autorisé dans tous les pays Européen », rappelle Franck Sander. Le président de la CGB souhaite un débat orienté sur les arguments scientifiques et espère rapidement une issue positive à l’issue des travaux de la Commission mixte paritaire (composée de 7 députés et 7 sénateurs).

Et ce d’autant plus que les rendements betteraviers de l’Oise diminuent. Le rendement 2024-2025 s’établit à 75,1 t/ha, soit 5 tonnes de moins qu’au niveau national, constate Henri Faes, directeur adjoint de la CGB Oise.

Mauvaise donne aussi pour la richesse, de 16,7 °S (moyenne 5 ans 17°S). Les 1 457 planteurs de l’Oise ont semé leurs 33 443 ha (23 ha/exploitation) avec trois semaines de retard (date moyenne au 14 avril). Le printemps et l’été humides, le faible ensoleillement, les températures inférieures de 1°C expliquent cette faible performance. Sans oublier l’impact de la cercosporiose, du mildiou et d’aphanomyces. Petit rendement, mais campagne longue, avec 125 jours pour Tereos (50 % des enlèvements isariens) et 135 jours pour Saint-Louis (48 %).

« La CGB rappelle que les primes d’anticipation ou de retard doivent compenser bien les pertes et soient indexées sur les prix en vigueur », insiste Henri Faes. Autre vigilance du syndicat, le transport des betteraves et les dérogations pour le chargement des camions de betteraves le long des routes départementales. Cela concerne près de 1 000 silos. « La remise en cause partielle des optimisations logistiques suscite des interrogations au niveau des élus et du Préfet », constate Alexis Hache, président du syndicat betteravier de l’Oise. Autres sujets montant dans le département, l’irrigation, suite aux évolutions du climat, et bien sûr le combat pour garder des moyens de production.

La chimie reste nécessaire

Severine Jeanneau responsable filière et développement durable de Corteva explique la difficulté d’homologuer les produits phytosanitaires et de biocontrôle. Avec en note d’optimisme, l’homologation espérée de plusieurs spécialités pour la filière betteravière.

Alexis Hache, nouveau président de l’ITB, précise le rôle important de l’Institut dans la protection des cultures. L’ITB teste systématiquement les nouveaux produits pour évaluer leur efficacité. C’est l’exemple du Conviso avant sa commercialisation, avec la définition des recommandations, notamment l’ajout d’un produit partenaire, pour limiter les résistances et maintenir son efficacité. Autre exemple, les demandes réalisées pour l’obtention de dérogation pour les usages du Movento ou encore de l’Airone.

En synthèse de cette table ronde, il faut retenir que les acteurs de la filière mènent un travail quotidien en termes de recherche, d’expérimentation et de lobbying afin que les planteurs disposent de moyens de productions performants pour produire des betteraves. Comme Franck Sander l’a rappelé des progrès énormes ont été effectués, mais la chimie reste nécessaire. Les travaux menés par Corteva, avec notamment un nouvel herbicide ou le lobbying effectué par la CGB dans le cadre des débats sur la PPL sont des signes positifs pour l’avenir.

En conclusion, Alexis Hache a rappelé l’importance de maintenir les surfaces betteraves dans l’Oise. Pour cela, il est indispensable que le couple rendement et prix de la betterave permette de couvrir les coûts de productions et de dégager un revenu.