Le rebond de la production européenne de colza et de tournesol de 12 à 15 %, avec des prix fermes en début de campagne, ont de quoi satisfaire la filière, malgré les soubresauts à la hausse ou à la baisse en fonction des cours du pétrole ou du dollar. Le 16 septembre 2025, les cours affichaient 470 €/t sur le Fob Moselle, et 468 €/t pour la graine rendue à Rouen. Sur Euronext, apparaissait une embellie pour les contrats jusqu’en mai, avec des hausses amenant les prix entre 472 €/t et 475 €/t.

Mais c’est à nouveau du côté de la Chine que les regards se tournent pour analyser les tendances de marché futures. Pékin vient de taxer les importations européennes de porc, entre 15 et 65 % selon les morceaux, afin d’anéantir toute concurrence avec ses producteurs, dont les prix ont chuté de 30 à 40 % en un an. La Chine fait face à une surproduction que le pouvoir veut contrer. Or, une réduction du cheptel porcin chinois aurait des conséquences sur les importations de graines et tourteaux de soja et de colza, avec des effets sur les prix.

La Chine a par ailleurs stoppé ses importations de soja des États-Unis, avec qui elle est en pleine guerre commerciale, du jamais vu alors que débute la récolte aux USA. Elle impose une taxe de 25 % qui rend le soja américain hors de prix. Le pays dirigé par Xi Jinping s’approvisionne au Brésil, (12 Mt en août) et dans une moindre mesure en Argentine et en Uruguay. Résultat des courses, la production américaine (117 Mt), doit trouver d’autres débouchés : les prévisions de stocks sont en augmentation, les prix restent faibles, autour de 380 $ la tonne.

« Nous sommes au bord d’un précipice commercial et financier, vient d’écrire le président de l’Association des producteurs de soja (ASA) au président Donald Trump, au mois d’août. Nous ne pourrons pas survivre à un différend commercial prolongé avec notre plus grand client. » Reste à savoir si la Chine, en déflation, va céder, ou si Trump va réduire ses prétentions, compte tenu de la hausse des prix et du chômage aux États-Unis.

En cas de blocage, les flux commerciaux mondiaux pourraient être reconfigurés. Les volumes d’importation de soja par l’Europe pour la compagne 2024-2025 étaient de 13 Mt, dont 8 Mt du Brésil et 4 Mt des USA. L’Europe n’applique pas de droit de douane sur les graines ou les tourteaux venant de ces pays. Alors que les États-Unis taxent le Brésil à 50 %, et la Chine taxe les USA à 25 %. La faiblesse des cours du soja à Chicago pourrait finir par contaminer le marché européen du colza. Mais pour l’instant, les deux marchés restent étanches l’un pour l’autre.