Si les agriculteurs de l’Aisne se réjouissaient des rendements 2025 dépassant les moyennes quinquennales, la réalité des prix plombe leur moral. En blé, le prix prévu des 8,6 t/ha récoltées (6,2 t en 2024 et 8,1 t en moyenne 5 ans), se situerait autour de 165 €/t contre 196 €/t pour la récolte 2024 et 210 en moyenne 5 ans, estime le centre de gestion Cerfrance CNEIDF. Les betteraves renouent avec des rendements plus élevés, prévus à 85 t/ha, contre 72 t/ha en 2024 et une moyenne cinq ans de 71 t/ha. Mais là aussi la baisse des prix se fait sentir (29 €/t prévus, contre 36 €/t en 2024 et 35 €/t en moyenne cinq ans). Les estimations chutent pour l’orge de printemps (165 €/t), le maïs net séchage (135 €/t) et le tournesol (490 €/t). Le colza, avec un rendement très honorable de 4,3 t/ha, contre 3,1 t/ha en 2025 s’en sort mieux à 480 €/t (470 en 2024).

Un produit moyen en système betteravier de 2 242 €/ha

Comme chaque année, le Cerfrance présente les résultats de la ferme moyenne axonnaise en système betteravier/cultures industrielles. Soit 160 hectares avec 1,71 UTH dont 0,4 salarié. L’assolement type se décline avec 84 ha de céréales, 44 ha de cultures industrielles dont betteraves, 16 ha d’oléoprotéagineux, 5 ha de cultures fourragères et 11 ha de divers.

Elle dégagerait en récolte 2025 un produit très proche de celui de la récolte 2024 : 2 242 €/ha contre 2 225 en 2024. La faiblesse des prix annule l’augmentation des rendements. Avec de grosses variations selon le quart inférieur (2 088 €) et le quart supérieur (2 615 €). Ce produit moyen se compose de 1 801 €/ha produits végétaux (1 783 en 2024), 217 €/ha de subvention exploitation (221 en 2024) et 223 €/ha d’autres produits (220 en 2024).

Stabilité des charges opérationnelles à 834 €/ha en 2025

Côté charges, le Cerfrance part sur une légère baisse du prix des engrais de 4 %, de 4,5 % en aliment du bétail, une quasi stabilité en santé des plantes et une légère augmentation en semences (+1,4 %). Les charges d’intrants sont stables à 834 €/ha en 2025 (844 €/ha en 2024). Elles se déclinent en 304 €/ha en santé des plantes, 186 €/ha en semences et 341 €/ha en engrais. Ces charges maîtrisées jusqu’en 2021, avec 611 €/ha de 2021, se sont envolées en 2022 (836 €/ha) et en 2023 (979 €/ha).

Des charges de structures bloquées autour de 1 500 €/ha et un résultat proche de zéro

En cinq ans, les charges de structure ont augmenté de 25 %, avec près de 300 €/ha en plus. Elles restent à un niveau élevé, proche de 1 500 €/ha depuis trois ans. Les frais de mécanisation de 639 €/ha en récolte 2025 ont pris 24 % depuis 2021. La main-d’œuvre (179 €/ha) a tendance à baisser, contrairement aux autres frais (551 €/ha).

En 2024, la ferme moyenne betteravière de l’Aisne disposait d’un excédent brut d’exploitation (EBE) de 37 400 €. Ce qui ne suffisait pas pour rembourser l’annuité moyenne de 44 200 €. Le solde disponible s’est avéré négatif de 6 800 €. Avec de grandes variations. Pour le quart inférieur (115 ha et 1,21 UTH), la situation de la récolte 2024 avec un EBE négatif de – 2 100 € ne permet pas le remboursement des 32 000 € d’annuité. Le solde disponible de – 34 100 € engendre des problèmes de trésorerie. Le quart supérieur (180 ha et 1,8 UTH) dégage un EBE de 104 500 €, pour un remboursement d’annuité de 51 400 €. Ce qui laisse un disponible de 53 100 €.

Les prévisions de résultats de la récolte 2025 laissent entrevoir un léger mieux, mais pas suffisant pour retrouver de la trésorerie. La ferme moyenne betteravière axonnaise, avec un EBE de 50 000 €, pourrait rembourser ses annuités de 44 200 €. Mais elle ne dégagera qu’un solde disponible de 5 800 €. Le quart inférieur aurait toujours un solde disponible négatif – 17 500 € (EBE de 14 500 €, pour 32 000 € d’annuités). Le quart supérieur dégagerait un solde positif de 69 300 € (EBE de 120 700 € et annuités de 51 400 €). Les situations varient en fonction des cultures (pommes de terre, légumes, betteraves…), des rendements et de la gestion.

En moyenne, la ferme des cultures industrielles de l’Aisne dégagerait un résultat tout juste à l’équilibre à 10 €/ha en 2025, contre un déficit de 65 €/ha en 2024 (voir tableau).

Un léger mieux dans les systèmes de polyculture

Le système de polyculture de l’Aisne (150 ha, dont 17 ha de cultures industrielles et 1,38 UTH), atteint un EBE moyen de 57 200 € en 2025 (33 500 en 2024). Le résultat économique permet tout juste de compenser les pertes de 2024. Il passe à 80 €/ha en 2025 contre – 76 €/ha, bien en dessous de la moyenne cinq ans de 288 €/ha. Mais, même à ce niveau, il reste supérieur à celui du système des cultures industrielles.