Tout le monde sait que les grandes questions agricoles se traitent au niveau européen. Or la France a perdu plusieurs bons connaisseurs des dossiers agricoles au sein du Parlement européen, comme Anne Sander (PPE) ou Jérémy Decerle (Renew), lors des élections européennes du 9 juin dernier. Et d’autres poids lourds de la Comagri, qui partageaient une vision commune avec les défenseurs de la PAC, comme l’Italien Paolo de Castro, sont aussi partis.
Alors quelle sera la physionomie de la future Comagri pour la période 2024 à 2027, qui aura un agenda législatif agricole extrêmement chargé ?
La présidence de la Comagri du Parlement échoit au groupe des conservateurs (ECR, dirigé par Giorgia Meloni) avec la tchèque Veronika Vrecionová. La nouvelle présidente de la Comagri connaît bien l’agriculture. En tant que coordinatrice ECR au sein de la Comagri lors de la dernière législature, Véronika Vrecionová a bien travaillé sur le dossier des nouvelles techniques de modification génétique (NGT).
Les postes clés au sein du Parlement européen
L’autre poste stratégique est celui de coordinateur des groupes politiques. Sur sept coordinateurs, quatre sont italiens ! Un pays qui fait de l’agriculture sa priorité et où le très puissant syndicat Coldiretti partage souvent les mêmes positions que la FNSEA.
L’Italien Herbet Dorfman (PPE), proche des positions françaises et allemandes, va apporter une certaine stabilité.
Le Parti populaire européen (PPE), et ses 184 députés, est très présent avec notamment les eurodéputés allemands, mais aussi l’ancienne vice-présidente de JA, Céline Imart pour la France.
Les nouveaux eurodéputés français devront travailler les dossiers en profondeur pour se forger un nom. Quelle vision agricole porteront les députés socialistes et ceux du Rassemblement national ? Pour Renaissance, Valérie Hayer sera certes membre de la Comagri, mais très occupée par la présidence du groupe Renew. Toutefois, bien que suppléant, l’éleveur de bovins belge, Benoît Cassart, pourra s’impliquer dans les dossiers qu’il connaît bien.
Si, à première vue, l’influence française est questionnée, la situation pourrait ne pas être si catastrophique. Globalement le PPE – un parti pro-agriculture – pèsera sur le travail de la Comagri.
Un Luxembourgeois commissaire à l’agriculture ?
À la Commission européenne, Ursula von der Leyen (PPE) retrouve son poste de présidente et a plusieurs fois évoqué l’agriculture dans son programme. Le Green deal est toujours un sujet central, mais ce qui va compter c’est comment il sera appliqué pour l’agriculture avec Farm to fork.
La nomination d’un commissaire à l’agriculture issu du PPE se profile et c’est le Luxembourgeois Christophe Hansen qui tient la corde. Il est certes issu d’un petit pays agricole, mais il bénéficiera du poids politique de son parti.
Reste à voir si le numéro deux de la Commission couvrira aussi l’agriculture : en d’autres termes, qui prendra la place du néerlandais Frans Timmermans, qui a été la bête noire du secteur agricole durant la dernière mandature avec sa vision dogmatique du programme Farm to fork?