En France, les conditions de cultures sont meilleures que l’an passé à la même époque malgré un épisode de sécheresse, au nord de la Loire, les trois mois passés. Selon le Conseil international des céréales (CIC), la prochaine récolte française de blé serait supérieure à l’an passé sans être pour autant extraordinaire (33,9 millions de tonnes ; + 8 Mt sur un an). À l’échelle de la planète, 65 Mt de grains seront récoltés en plus que l’an dernier.
A contrario, la production mondiale de céréales (2 375 Mt) battra un nouveau record. Mais les échanges mondiaux (428 Mt) ne progresseront que de 11 Mt. Cette abondance pèsera durablement sur les prix des grains, même sur ceux du blé dur. Or, la céréale s’est négociée moins de 300 € la tonne depuis le début de la campagne. Au début du mois de juin, elle ne valait plus que 285 €.
Pourtant, la production mondiale de cette céréale est la seule qui ne croîtra pas en 2025-2026. Estimée à 35,2 Mt par le CIC, elle sera même inférieure à 500 000 tonnes par rapport à l’an passé. La baisse sera portée par le Mexique, qui s’apprête à ne moissonner que 0,6 Mt de grains (versus 1,4 Mt en 2024 et 1,9 Mt en 2023).
Mais les marchés de l’export seront correctement approvisionnés par le Canada (4,95 Mt exportables) et, dans une moindre mesure, par la Turquie (600 000 t).
Sur les 8,7 Mt de blé dur commercées dans le monde en 2025-2026, le Maghreb en achètera 3,5 Mt et l’Union européenne (UE), au moins un million de tonnes.
Dans l’UE, la production de blé dur atteindrait 7,9 Mt selon le CIC, en se redressant de 700 000 tonnes. Mais l’Italie (4,1 Mt ; +0,6 Mt sur un an), le deuxième pays producteur au monde, portera seule cette hausse européenne. En effet, la récolte française (1,3 Mt) sera à peine supérieure à l’an passé.
Les prix des céréales se sont stabilisés
Hormis un léger soubresaut autour du 20 mai dernier, les prix des céréales se sont stabilisés au niveau d’il y a quatre semaines. Aucun événement marquant n’a alarmé les marchés et suscité des remous sur les cours. À Rouen, le prix de la tonne de blé oscille autour de 200 € et celle de maïs, 180 € à Bordeaux.
Sur ce marché, « la pression de l’offre sud-américaine s’accentue rapidement, tandis que les perspectives de production aux États-Unis continuent de rassurer à la faveur d’un climat favorable dans le Corn Belt », mentionne le site agri-mutuel.com. En Ukraine, Ukragroconsult souligne que « les agriculteurs des régions de Mykolaïv, Kherson et Dnipropetrovsk se plaignent d’une terrible sécheresse ». Sur plus de 55 000 hectares, ils ont perdu 80 % de leurs récoltes, alors que des missiles russes frappent et détruisent régulièrement des fermes. Mais ces dommages n’ont pas de réelles incidences conjoncturelles sur les marchés. Certaines régions russes sont aussi confrontées à un déficit hydrique, mais les conditions de cultures augurent une récolte de blé meilleure qu’escompté les mois passés. Elle est dorénavant estimée à 81 Mt par le site sovecon.ru. Par ailleurs, 17,4 Mt d’orge seraient produites. Aussi, la Russie pourrait exporter 49,4 Mt de céréales en 2025-2026, dont 40,8 Mt de blé.
En revanche, la vigueur des combats sur le front russo-ukrainien inquiète les pays importateurs de grains du bassin de la mer Noire. Selon le site Ukragroconsult, l’Égypte va diversifier ses sources d’approvisionnement en achetant davantage de blé français, roumain mais aussi argentin et australien. La fin du régime de libre-échange dont bénéficie l’Ukraine avec l’UE, depuis février 2022, va ramener les conditions commerciales à la situation antérieure à l’invasion russe. Pour 2025, les contingents à droits zéro seront proratisés à 7/12ème pour couvrir les 7 derniers mois de l’année (par exemple 580 000 tonnes pour le blé versus un million de tonnes en année pleine). Le pays rencontrera alors davantage de difficultés pour financer son effort de guerre. En 2024, près de 60 % des exportations totales de l’Ukraine étaient destinées à l’UE.
Estimée à 35,2 Mt par le CIC, la production mondiale de blé dur sera inférieure à 500 000 tonnes par rapport à l’an passé
REPÈRES
Campagne 2025-2026
2 375 Mt : production mondiale de céréales selon le CIC
35,2 Mt : production mondiale de blé dur selon le CIC
8,7 Mt : échanges mondiaux de blé dur
428 Mt : échanges mondiaux de céréales