« On a ressenti le besoin de se structurer sous la forme d’une interprofession parce que c’est important pour une filière d’être visible et organisée, afin de pouvoir faire la promotion des débouchés du miscanthus, notamment auprès des pouvoirs publics », explique Cyril Cogniard, producteur de miscanthus dans la Marne et président de l’interprofession France Miscanthus (IFM), officiellement reconnu le 3 mars dernier. L’IFM aura plusieurs missions, comme améliorer la connaissance de la filière, renforcer la communication et la promotion de cette culture, soutenir la recherche agronomique et environnementale, précise Alain Jeanroy, le président de l’association France Miscanthus qui a porté la création de cette interprofession.

Pour rappel, en 2024, le miscanthus représentait 11 500 hectares répartis chez 2 650 agriculteurs qui produisent 130 000 tonnes de MS. La culture connaît une croissance de 12 % par an depuis 5 ans, et sa production a doublé depuis 2018. 85 % des surfaces sont localisées au nord de la Loire et seulement 15 % au sud, avec un fort développement actuellement dans la région Sud-Ouest.

Pour rappel, l’implantation du miscanthus a lieu entre mars et juin. Il faut compter 3 000 à 3 500 euros/ha de coût de plantation, mais la culture est implantée pour au minimum une vingtaine d’années. Après un désherbage et un broyage la première année, aucune autre intervention de protection n’est necessaire pendant toute la vie de la plante. Cette dernière ne nécessite pas non plus d’apport azoté. Seul un bilan PK est conseillé au bout de 5 ans. Enfin, il n’existe pas de ravageurs ou de maladie connus.

La récolte a lieu en mars-avril, à l’aide d’une ensileuse conventionnelle. Le produit obtenu est stable puisque son humidité ne dépasse pas 15 %. Le rendement est croissant sur les premières années pour atteindre un potentiel de biomasse proche d’un maïs ensilage à partir de la 3ème année, de 12 à 15 t de MS par ha. Le miscanthus se vend entre 150 et 250 euros/tonne, en fonction des débouchés. Plus de 50 % du miscanthus produit est utilisé pour la litière animale, contre 23 % pour le paillage horticole et viticole et 20 % pour la combustion.

Le miscanthus et la betterave

« Dans les années 2000, la filière betterave a eu des problèmes de limitation des émissions de CO2 liés à la déshydratation de la pulpe », se souvient Alain Jeanroy, qui a été le directeur général de la CGB de 1993 à 2016. On avait imaginé alors brûler de la biomasse pour résoudre ce problème, en faisant produire le miscanthus nécessaire par les betteraviers eux-mêmes, d’où la création de France Miscanthus par le syndicat betteravier. Mais on s’est aperçu que cela conduirait à mettre beaucoup de camions sur les routes et ce projet n’a pas vu le jour », explique-t-il. Le miscanthus était néanmoins planté. La CGB a donc créé en 2009 l’association France Miscanthus afin de continuer à s’occuper de cette production. « C’est ainsi que j’assure depuis lors la présidence de France Miscanthus, mais qui laissera bientôt sa place à l’IFM lorsqu’un accord interprofessionnel sera reconnu et étendu par les pouvoirs publics d’ici 2027 » ajoute-t-il.