Un article de notre partenaire européen Euractiv.

L’agriculture de conservation (AC) se prête facilement à des interprétations erronées, car le terme « conservation » désigne souvent des activités impliquant la préservation et la restauration d’habitats naturels dégradés afin d’améliorer la biodiversité.

Cependant, bien que l’AC mette également en avant la biodiversité, elle traite principalement de questions se rapportant à un phénomène différent : la dégradation des sols.

Les matières organiques des sols s’appauvrissent de plus en plus en raison de l’intensification des cultures, tandis que l’utilisation de machines lourdes exerce une pression sur le sol en provoquant un compactage du sol.

L’AC s’efforce de remédier à cette situation par une série de pratiques agricoles destinées à éviter la dégradation physique, comme la culture d’une couverture végétale protectrice permanente sur le sol et la promotion d’un système de production agricole basé sur une réduction totale ou partielle du labourage et du travail du sol.

Selon la Fédération européenne de l’agriculture de conservation (ECAF), les pratiques agronomiques incluses dans l’AC reposent sur trois principes fondamentaux : perturbation minimale des sols, maintien d’une couverture végétale permanente et diversité des systèmes de culture.

Les défenseurs de ces principes font valoir que ces pratiques peuvent permettre aux agriculteurs de réaliser des économies sur le plan de l’efficacité énergétique, tout en contribuant à la réduction des émissions de gaz à effet de serre et au renforcement de la résilience du système agricole au changement climatique.

Les cultures sans labour et de couverture

Parmi les pratiques de l’AC, la culture sans labour et l’agriculture de couverture.

L’agriculture sans labour, ou travail réduit du sol, consiste à planter des cultures sans labourer le sol, ce qui est la méthode conventionnelle visant à préparer le sol pour la culture – en le creusant, en le remuant et en le retournant.

Bien que le non-labour et le travail réduit du sol puissent contribuer à prévenir le ruissellement et l’érosion, ces pratiques ont mis du temps à se développer en Europe.

Selon la Commission européenne, le travail réduit du sol ou le travail de conservation du sol est pratiqué sur environ 21,6 % des terres arables de l’UE, tandis que le non-labour n’est appliqué que sur 4 %.

En mars dernier, la députée européenne bulgare Atidzhe Alieva-Veli a demandé à l’exécutif européen s’il allait promouvoir la mise en œuvre de la « technologie sans labour » en l’incluant comme mesure verte dans la PAC post-2020.

Pour la législatrice libérale, « la technologie du non-labour est une approche qui devrait être encouragée en tant que forme régénératrice de l’agriculture qui assure non seulement une productivité agricole élevée, mais aussi la régénération des sols ».

En réponse à Mme Alieva-Velli, la Commission a reconnu les avantages environnementaux et climatiques de la réduction des perturbations mécaniques des sols, ajoutant que la PAC soutenait déjà des pratiques spécifiques visant à protéger les sols contre la dégradation, notamment le travail minimum ou nul du sol, la conservation des résidus de culture et les couvertures végétales.

La couverture du sol fait référence aux périodes de l’année où le sol est recouvert de résidus ou de cultures, y compris les cultures dérobées ou de couverture.

Les cultures de couverture sont efficaces pour réduire les pertes de sol et de nutriments en maintenant la terre continuellement couverte de végétation pendant toute l’année.

Dans l’UE, durant l’hiver 2010, 44 % des terres arables ont été couvertes par des cultures d’hiver normales, 5 % par des cultures de couverture ou des cultures intermédiaires et 9 % par des résidus végétaux, tandis que 25 % ont été laissées à nu et 16 % de la couverture du sol des terres arables n’a pas été répertoriée.

Comment lier l’agriculture de conservation à la PAC ?

Dans l’actuel programme de subventions agricoles de l’UE, un certain nombre de mesures concernant l’agriculture de conservation ont été incluses dans la politique de développement rural, connue sous le nom de second pilier de la PAC.

Les États membres et les régions peuvent inclure ces mesures dans leurs programmes de développement rural en fonction de leurs besoins et priorités.

Certains aspects liés aux grands principes de l’agriculture de conservation ont également été soutenus dans le cadre du programme Horizon2020 et du partenariat européen pour l’innovation agricole (PEI-AGRI).

Toutefois, le véritable pas en avant pour l’adoption de l’AC est attendu dans la réforme de la PAC post-2020, car les pratiques de l’agriculture de conservation peuvent être encouragées dans le cadre du nouveau système d’« éco-régimes ».

Cette nouvelle source de financement pour atteindre les objectifs en matière d’environnement et de climat est alimentée par l’enveloppe de la PAC affectée aux paiements directs.

Les pratiques d’agriculture de conservation sont énumérées dans trois des dix « bonnes conditions agricoles et environnementales » (BCAE) en lien avec la PAC et comprennent l’absence de labour, la couverture du sol, les cultures d’hiver et la rotation des cultures.

Les éco-régimes visent à récompenser les agriculteurs allant encore plus loin dans la mise en œuvre de pratiques agricoles durables, au-delà des exigences obligatoires fixées par les critères de conditionnalité des aides financières européennes.

Comme le propose la Commission européenne dans la future PAC, ces types de pratiques peuvent contribuer à concrétiser les ambitions environnementales et climatiques en jeu.

À l’instar de l’ancien programme, l’agriculture de conservation pourrait être mise en avant par les engagements de gestion environnementale et climatique figurant dans le pilier de développement rural.