Convaincu que l’avenir de la filière betterave passe par les innovations et par la communication, Guillaume Gandon, président de la CGB Aisne, a proposé une conférence du syndicat betteravier positive, tournée vers l’avenir. « L’innovation et l’intelligence artificielle nous permettront de répondre aux exigences sociétales et environnementales. Et ainsi assurer la durabilité et la rentabilité de la betterave », a-t-il affirmé le 12 septembre, au pôle Griffon à Laon.

Et Ghislain Malatesta, responsable de l’expérimentation à l’Institut technique de la betterave (ITB), de présenter les innovations travaillées sur le site du Griffon. Recherche sur la cercosporiose (100 souches testées sur 269 récupérées dans toute la France), tests Elisa (qui indiquent la présence et la détermination des virus de la jaunisse pour toute la filière française) ou encore culture de pucerons. L’équipe locale, quatre personnes en plus de la délégation, dispose aussi d’une chaîne de réception pour tous les essais, dont les expérimentations sur les variétés.

L’innovation variétale constitue une solution, mais ne suffira pas. L’intelligence artificielle la complétera. Aymeric Lepage, spécialiste agro-équipement de la chambre d’agriculture de l’Aisne, détaille les outils : guidage, logiciels, capteurs, Outils d’aide à la décision (OAD) et robotique. « Avec des caméras RGPD et hyperspectrales sur les pulvérisateurs, nous déterminons les espèces végétales et pouvons adapter les doses de produits phytosanitaires », présentent Gérald Germain, fondateur d’AGTech Carbon Bee et François-Xavier Janin, responsable marketing et innovation de France Pulvé. Déjà sont possibles des applications pleine dose sur la cible, « bi-dose ou modulée » selon la biomasse. « Nous appliquerons mieux et moins de matière active. Mais il faut garder nos autorisations de mise sur le marché (AMM) des produits phytosanitaires. Appliquer mieux et non pas interdire », insiste Guillaume Gandon.

Communiquer sur son métier

Autre impératif pour la survie de la filière : communiquer vers le grand public, poursuit le responsable syndical. Et l’Aisne dispose de « Bett de comm », ces fameux ambassadeurs de la betterave sur les réseaux sociaux. « Je fais passer des messages avec humour et autodérision », dévoile Bruno Cardot, qui n’hésite pas à descendre un silo de betterave à ski. Avec 8 000 followers sur X (ex Twitter), l’agriculteur de Moy-sur-Aisne encourage à « communiquer non pour ses collègues, mais pour des personnes qui ignorent tout, niveau CM1».

Le président de la CGB, Franck Sander, conclut sur cette note positive. Un prix de la betterave de 43 €/t en 2022, estimé à 55 en 2023. Pour garder ces niveaux de prix, il faut éviter de trop augmenter la production européenne, sinon les prix risquent de chuter. Et de rappeler que les coûts de production sont passés à 3 000 €/ha, sans oublier le coût des aléas prix, climatiques et surtout sanitaires.

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Un village de la betterave pour des solutions concrètes

La CGB Aisne a proposé un village de la betterave sur le site du Griffon lors de sa conférence annuelle. Un format inédit où les firmes Horsch, Ecorobotix, France Pulvé, AgTech CarbonBee ont mis en valeur leur matériel de précision. Corteva présentait son nouveau désherbant R qui sera commercialisé en 2025 et la chambre d’agriculture ses compétences.

Les planteurs ont pu questionner les professionnels de l’agro-équipement. La fiabilité d’un guidage RTK au semis suffira-t-elle pour que l’application ultra-localisée du pulvérisateur soit efficace ? Ou encore comment fonctionne la pulvérisation bi-dose, plus importante sur certaines adventices ? Quelles économies de phytosanitaire sont possibles pour amortir les 2 000 à 2 500 € investis par mètre linéaire de la rampe ? On pouvait aussi entendre beaucoup d’interrogations sur la détection des chardons dans les blés ou les betteraves.

« Nous avons beaucoup progressé avec les caméras hypersceptrales, dévoile Gérald Germain, fondateur d’AGTech Carbon Bee. Elles peuvent discerner des nuances de vert pour déterminer des adventices de quelques millimètres. Elles complètent les caméras RGPD qui déterminent les adventices selon les formes. Autre avantage cité par François-Xavier Janin, responsable marketing et innovation de France Pulvé : les nouvelles caméras ont gagné en précision mais aussi en poids. Avec environ 1 kg sur la rampe par mètre. « La modulation de la dose se fait à la buse. Les détections des plantes se font par couche, avec une couche par espèce. Pour le glyphosate, nous pouvons économiser 65 % de matière active pour la même efficacité », se félicite François-Xavier Janin.