Contre l’oïdium et la septoriose, une stratégie de protection combinée se met progressivement en place sur le lin de printemps. Avec une variété tolérante à l’oïdium, comme Ideo, les premiers symptômes apparaissent plus tardivement, ce qui offre davantage de souplesse pour les interventions fongicides. En complément de ce levier variétal, le recours au biocontrôle devient possible.

Depuis le 21 février, le produit Thiopron Rainfree à base de soufre, développé par UPL, est autorisé contre ces deux maladies. Évalué en 2024 par Arvalis, tout comme Faeton SC (soufre, Sipcam France) et Aquicine Duo (Syngenta, soufre + phosphonate de potassium), il a été testé sur deux sites dans la Somme et l’Eure. « Le site de la Somme présentait une forte pression d’oïdium et de septoriose, précise Benoît Normand, ingénieur régional Hauts-de-France chez Arvalis. Un T1 à 20-30 cm était alors indispensable. Dans ces conditions, les trois produits de biocontrôle ont affiché une efficacité comparable à celle des solutions classiques. » À noter que Faeton SC et Aquicine Duo restent en attente d’autorisation de mise sur le marché (AMM). Ces résultats amènent Arvalis à ajuster ses recommandations pour la campagne en cours.

Adapter le T1 selon la pression d’oïdium

En cas de forte pression, Benoît Normand recommande Joao (prothioconazole) à 0,3 l/ha ou Thiopron Rainfree à 2,5–3 l/ha. L’application s’effectue dès l’apparition des premières étoiles d’oïdium (20-30 cm). Toutefois, un traitement précoce avec Joao est à éviter en cas de stress de la culture. Plus souple d’emploi, Thiopron Rainfree peut aussi être utilisé à un stade intermédiaire (40–60 cm). Les deux produits restent pertinents au stade boutons floraux – début floraison. En cas de pression modérée, Arvalis recommande également Nissodium (cyflufénamide) à 0,3–0,5 l/ha. « Ne réduisez pas trop la dose », avertit Benoît Normand.

Une stratégie renforcée en cas de septoriose précoce

Si la septoriose apparaît tôt, comme en 2024, 2021 ou 2016, ou si les deux maladies sont présentes simultanément, Arvalis recommande un programme robuste dès le stade 20–30 cm. « En cas de risque élevé de septoriose, mieux vaut intervenir tôt », insiste Benoît Normand. Ainsi, le programme associe Score (difénoconazole, 0,5 l/ha) ou Amistar Gold (azoxystrobine + difénoconazole, 0,5 l/ha) à Nissodium (0,3 l/ha), Joao (0,3 l/ha) ou Thiopron Rainfree (2,5–3 l/ha). Au stade boutons floraux – début floraison, un passage avec Joao ou Maxentis (prothioconazole + azoxystrobine) s’envisage également. Le produit de biocontrôle Thiopron Rainfree constitue, quant à lui, une option intermédiaire au stade 40–60 cm, « notamment si la septoriose est bien installée et combinée à une forte pression d’oïdium », précise Benoît Normand.

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En cas de risque septoriose élevé, Arvalis recommande d’intervenir tôt au stade 20 cm avec un programme solide qui peut intégrer du biocontrôle.