« Il y a de gros enjeux avec les élections européennes cette année. Elles vont dessiner l’agriculture européenne de demain. Nous avons choisi de faire un vrai focus sur l’Europe », a expliqué, le 21 janvier, Arnaud Delacour, le président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre (UNPT). Le syndicat organisera son congrès à Strasbourg (Bas-Rhin) les 4 et 5 février, à la Maison de la Région Grand Est, avec pour thème : « L’Europe, une chance pour la pomme de terre de France ». « Les élections européennes vont être importantes. Soit, nous allons vers une PAC renationalisée, soit une PAC harmonisée », a poursuivi Arnaud Delacour. Les atouts de l’Europe vus par l’UNPT seront abordés sous quatre angles : géographique, culturel, économique et politique. « L’Europe politique est une chance, gouvernée par des idéaux de sociale démocratie, mais il y a une grosse pression souverainiste, qui représente un danger, comme le détricotage de la PAC », a insisté Arnaud Delacour.

Craintes sur la suppression du CIPC

Parmi les sujets d’inquiétudes pour la filière, la suppression européenne du produit anti-germinatif CIPC, attendue au plus tard, le 31 juillet 2019. « Cela va avoir une énorme répercussion sur la filière, a expliqué Alain Dequeker, secrétaire général de l’UNPT. Le risque étant que les transitions de campagne se fassent au profit des pommes de terre importées et que des marchés lointains d’exportation soient perdus ». Arnaud Delacour se veut positif. « Cela peut aussi être une chance. Nous allons apprendre à travailler différemment », estime-t-il. Si l’anti-germinatif est interdit, la période de conservation sera moins longue. Une des solutions serait d’échelonner les récoltes du printemps à l’automne.

Bilan de campagne en net recul

Le congrès sera également l’occasion de dresser un bilan de la campagne 2018-2019. En pommes de terre de fécule, les surfaces ont progressé depuis quatre ans, pour atteindre 24 350 ha. Malheureusement, les conditions climatiques ont beaucoup affecté la production, avec des rendements historiquement bas, à 41t/ha, contre 48 lors de la campagne précédente. L’objectif serait d’atteindre 27 000 ha d’ici 1 à 2 ans, comme au début des années 2000, souligne l’UNPT.

La situation est moins mauvaise pour les pommes de terre de conservation. « Les rendements sont bas, mais pas catastrophiques. On arrive à une production correcte, supérieure à la moyenne 5 ans », estime l’union de producteurs. La production ne serait en recul que de 9,6 % sur 2018 à 5,85 millions de tonnes, par rapport à 2017. Et la France s’en sort même mieux que ses voisins européens, en particulier la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas.

A.C.