Depuis plusieurs jours, de très nombreux agriculteurs manifestent dans la totalité des régions de France. Cette large mobilisation traduit un profond mécontentement et une colère. Nous exprimons un ras-le-bol relatif à l’empilement de normes, aux restrictions, aux surtranspositions nationales de règles européennes déjà contraignantes, aux conditions de concurrence déloyale avec des produits importés, à des charges qui s’accumulent et, aussi, à l’incompréhension d’une défiance qui ne cesse de progresser, à l’égard de nos pratiques et de notre profession.

Nous exerçons pourtant l’un des métiers les plus beaux et probablement les plus nobles au monde : produire l’alimentation de l’ensemble de nos concitoyens. On ne rappelle jamais assez que les produits de l’agriculture, avec toute la diversité qui les caractérise, transformés et préparés, permettent de nourrir 500 millions de citoyens européens trois fois par jour, et cela 365 jours par an. Cette réalité ne doit pas être banalisée. Bien que présente dans le quotidien de chaque citoyen, l’agriculture est probablement devenue trop peu visible à notre époque, dans une société du divertissement et de l’immédiateté, comme si cela était un dû intangible. Il faut également informer nos concitoyens que nous avons un problème majeur : bien qu’étant la première puissance agricole de l’Europe, la France est de plus en plus dépendante des importations d’autres pays pour se nourrir.

Il est donc salutaire que nous agriculteurs, « entrepreneurs du vivant » et acteurs à la base de notre édifice alimentaire, nous fassions entendre. Et je me réjouis de la large couverture médiatique de cette mobilisation qui permet au plus grand nombre d’entre nous d’exprimer le malaise que connaît la profession depuis plusieurs années.

Toutefois, il est impératif que nos revendications soient enfin entendues et prises en compte et, surtout, que des réponses concrètes y soient apportées, certaines dans un temps court, d’autres à plus longue échéance : simplification, allègement des normes et des charges, suppression des distorsions et des surtranspositions, protection du revenu des agriculteurs par des mesures de gestion des marchés et rétablissement d’une concurrence loyale avec les produits importés (même standards de production).

Plus spécifiquement pour la production de betterave sucrière, mise à mal ces dernières années, nous portons trois revendications prioritaires :

  • Réautoriser l’acétamipride et la flupyradifurone pour lutter contre les pucerons, comme c’est le cas chez nos voisins européens,
  • Contingenter sans délai les importations de sucre ukrainien vers l’Union européenne,
  • Renoncer aux interdictions d’utiliser des substances actives lorsqu’aucune alternative efficace n’est disponible, tant en France que dans l’Union européenne.

Nous agriculteurs, ne croyons plus en la parole politique, nous attendons donc du concret, des décisions et des actes forts. À défaut, nous continuerons à nous mobiliser.

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