Cristal Union peut fêter sereinement ses 25 ans. Le 10 juin, à l’occasion de sa conférence de presse annuelle, le groupe a présenté un chiffre d’affaires de 2,65 milliards d’euros, un Ebitda de 287 M€ et un résultat net de 117 millions d’euros. Le sucrier a réussi à limiter la baisse du chiffre d’affaires à 3,8 % en se positionnant sur les marchés les plus rémunérateurs : « le sucre et l’alcool rectifiés de haute qualité », a expliqué son directeur général, Xavier Astolfi. Les ventes hors de France, à destination des pays européens déficitaires et quelques pays tiers, ont représenté 45 % du chiffre d’affaires.

L’Ebitda est certes en baisse de 33 % par rapport au record de l’année dernière, mais il permet tout de même d’afficher un taux de marge de 13 %, ce qui est largement suffisant pour financer ses investissements et de poursuivre son désendettement. La dette financière a été divisée par 2 et atteint 315 M€ pour l’exercice 2024-2025.

Caisse de péréquation de 100 millions d’euros

Après le cycle haut de ces deux dernières années, Cristal Union a fait face, comme toute la filière, à une forte baisse des prix du sucre en Europe. Résultat, le prix de la betterave est en baisse de 10 €/t par rapport à l’année dernière, puisque la coopérative va proposer à ses adhérents une rémunération moyenne de 41,44 €/t de betteraves.

Le prix payé aurait pu être plus important, mais Cristal Union a choisi, comme l’année dernière, d’abonder de 50 millions d’euros une caisse de péréquation collective, portant son montant total à 100 millions d’euros.

Cette somme permettra de compléter le prix de la betterave quand les marchés seront moins rémunérateurs. Le versement aux planteurs se fera dans un délai maximum de 6 ans. « 50 millions représentent 3,70 euros la tonne, avec les 14 Mt de betteraves transformées cette année », précise le président du conseil d’administration, Olivier de Bohan. Et d’ajouter : « après la hausse de l’an dernier, les marchés sont désormais en forte baisse. Aujourd’hui, la tendance donnerait un prix entre 35 et 30 €/t de betteraves ». On voit donc bien que cette caisse pourrait être utilisée dès la campagne 2025-2026 pour stabiliser les prix de la betterave et, par ricochet, les surfaces.

Renforcement de Cristal Union au sud de Paris

Les bons résultats du groupe ont aussi permis d’accueillir les planteurs de la sucrerie de Souppes-sur-Loing (Seine-et-Marne) et de faire l’acquisition de la société Lesaffre Frères à Nangis (Seine-et-Marne).

Le traitement des betteraves des planteurs de la sucrerie Ouvré à Souppes-sur-Loing, qui a été mise à l’arrêt en octobre suite à des difficultés techniques, a fait monter la durée de campagne moyenne à 132 jours. Près de 90 % des planteurs de Souppes ont depuis rejoint Cristal Union, ce qui va conforter les sucreries de Corbeilles et de Pithiviers. Et puis Cristal Union a encore renforcé sa zone betteravière au sud de Paris en faisant l’acquisition, en février dernier, de la sucrerie familiale Lesaffre de Nangis. « En intégrant la sucrerie de Nangis, Cristal Union transformera désormais 45 % de la surface betteravière française », souligne Xavier Astolfi.

La coopérative poursuit son rythme d’investissements à hauteur de 107 M€ cette année, dont la moitié a été consacrée à la sobriété en eau et à la décarbonation de ses activités. « Nous serons autonomes en eau sur l’ensemble des sucreries du groupe dès la prochaine campagne. C’est plus de 10 millions de m3 d’eau que nous ne puiserons plus dans le milieu naturel », déclare Olivier de Bohan.

Les agriculteurs sont aussi acteurs de la décarbonation. 700 planteurs d’entre eux entrés dans l’agriculture de régénération et bas carbone, via la démarche Cristal Vision, se partageront une prime RegAg pour un total de 1,7 M€.

Vers une année difficile

Pour l’année prochaine, le groupe s’attend à des résultats 2025-2026 en forte baisse, conséquence de conditions de marchés beaucoup plus défavorables et de coûts de production agricoles et industriels en forte augmentation.

« Aujourd’hui, le marché ne rémunère pas les coûts », déplore Stanislas Bouchard, directeur général adjoint, qui attend la hausse des prix pour 2026-2027.

« Si le marché n’intègre pas la hausse des coûts de production, il y aura encore des fermetures de sucreries à travers l’Europe, parce que certaines ne sont pas compétitives. Les usines les moins compétitives en Europe ont des coûts qui dépassent les 700 € la tonne, quand le marché est à 550 €/t », prévient Olivier de Bohan, qui estime que 8 à 10 sucreries sont en danger en Europe. Mais d’ajouter immédiatement que les sucreries de Cristal Union ne sont pas concernées !